Chapitre 14

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Un mal de tête me prends, puis la douleur s'apaise peu à peu, la lumière douce me convainc d'ouvrir les yeux. Je visualise bien la hutte dans laquelle j'ai dormi la nuit passée, et à mon chevet, il est là.

- Comment te sens-tu ?

- Que s'est-il passé ?

- Un chasseur t'a tiré dessus avec une flèche à la racine de dragon.

- Les deux hommes que tu as envoyés se faire dévorer par des murmures mortels ?

- Ceux-là.

Je soulève le drap qui m'enveloppe et observe le large bandage soigneusement réalisé disposé sur ma cuisse.

- Tu veux essayer de te lever ?

- Elle n'a touché aucun tendon ou nerf ?

- Non, je m'en suis assuré.

Mes yeux divaguent sur mon corps, partiellement nu. Je ne porte que mon bandeau pour protéger ma poitrine ainsi que mon sous-vêtement pâle.

- Je te rassure, je n'en n'ai pas profité. Je ne caresse pas les femmes lorsqu'elles sont endormies.

Sa pique me fait doucement sourire.

- Et je n'en ai pas profité pour la simple raison que je ne savais pas si tu allais te réveiller. J'étais trop préoccupé par ton état pour penser à autre chose que te soigner.

De la peine ? C'est bien ce que je parviens à lire dans ses yeux sombres ? Se pourrait-il que ce ne soit pas qu'un accord entre chefs mais bien que lorsqu'il me disait qu'il m'attendait, c'était la vérité. Et pas un mensonge digne d'un chasseur de dragons. Je range cette supposition dans un coin de mon cerveau.

Lentement, je me redresse et m'assoie sur le bord du lit, tirant le drap pour qu'il me recouvre jusqu'aux épaules.

- J'ai fait un rêve.

Mon aveu de but en blanc le surprend, mais j'observe de la curiosité dans son regard.

- Je t'écoute ma chère.

- J'ai rêvé d'une femme, une grande et magnifique femme aux yeux noirs, aux longs cheveux ébène et à la peau laiteuse, elle m'a parlé. Elle me demandait si ton frère veillait sur toi. Elle m'a souhaité tout le bonheur du monde et surtout d'être heureuse. Dans le mille. Elle m'a aussi dit que j'allais m'en sortir et qu'il fallait résister.

Le visage blême du chasseur me restera à l'esprit pendant un moment. Il se leva et fit les cents pas dans la chambre.

- Tu la connais ?

Il ne me répond pas, alors je me lève pour le confronter. Je titube, trébuche, et il me rattrape. Lentement, il me repose sur le lit. Ses mains posées sur le bas de mon dos me font frissonner.

- Merci.

- C'est ma mère.

Mon palpitant manque un battement.

- Tu sais annoncer les bonnes choses correctement.

- Elle est morte pendant ma naissance. Elle n'a pas survécu à l'accouchement. Elle a donné sa vie pour sauver la mienne. C'est à cause d'un dragon qu'elle est morte, alors je me suis juré de faire payer aux dragons nos morts et nos désolations.

Je me tut, il venait de se confier, et je ne comptais pas briser ce précieux moment.

- Père était le plus grand chasseur de dragons de l'archipel, alors je me dois de continuer à perpétuer son héritage. Et puis les dragons m'apportent ce que je désire.

Je ne sais pas qu'elle est l'idée qui m'a traversée l'esprit à cet instant, mais ma main pris son indépendance et vint se poser sur la sienne.

Sa carapace se fissura l'espace d'un instant, il n'est peut-être pas l'homme que je croyais qu'il était.

Sans cœur ni âme : Traque et passion - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant