Sans cœur ni âme : Traque et passion - Tome 1

Chapitre 28

Nous accostons sur l'île, les chasseurs débarquent leurs armes, ainsi que les réserves de nourriture. Seule, j'effectue le tour de l'île, du village animé aux plages de sable fin en passant par l'épaisse forêt de sapins qui m'attire plus qu'elle ne le devrait. Aucun sons ne sort d'entre ses arbres. Les sapins sont si peu espacés que la lumière du soleil peine à rejoindre le sol jonché d'épines de ces derniers. L'odeur qui s'en dégage est enivrante.

Personne n'est sur mes talons, alors je m'avance à travers ce dédale d'arbres tous plus hauts les uns que les autres. Les branches tombées craquent sous mes bottes, mais je ne m'arrête pas de marcher. Une fois sous les arbres, où la lumière ne m'atteint plus, je laisse la haine intérieure qui faisait rage dans mon coeur sortir. Un hurlement guttural sort du fond de mes tripes. Les insultes fusent, je ne m'arrête pas de jurer en lui souhaitant tout le malheur du monde.

Je cite toutes les manières possibles et inimaginables de le torturer pour finir par le tuer dans la souffrance la plus totale.

Il m'a tout arraché, ma famille, ma maison, mes amis et il est en train de briser mon âme tout en piétinant mon coeur et en y prenant du plaisir. « Connard de sadique », j'hurle de plus belle, espérant qu'il m'entende et qu'il en meure de souffrance. Ça n'arrivera pas, mais je garde espoir.

Une goutte tombe sur le dos de ma main, de l'eau. Salée. Des larmes inondent mes joues et je ne m'en était pas rendue compte car ma haine envers lui dépasse tout ce que je peux ressentir. Et cela va au-delà de la haine que je me porte pour aimer ses agissements. Comment j'ai pu apprécier jouir dans ses bras pendant que son idiot de frère me matait sans vergogne ?

Il est en train de me briser comme il briserait le cou d'une volaille. Avec facilité, force et plaisir. Ce monstre a soif de sang, et je suis son repas.

Je vais me venger, ce n'est pas toujours la solution, mais la haine qui me ronge doit être étanchée. Comment le faire souffrir comme lorsqu'il m'a pris de force ? Par mimétisme.

Manipuler cet homme et le faire souffrir à son tour. Je savourerais cet acte. Et le plus tôt sera le mieux. Dès ce soir, il recevra le fruit de haine qu'il cultive depuis que sa route a croisé la mienne.

La lumière du soleil frappe ma rétine alors que je débouche sur une clairière. Une hutte des plus splendides trône au centre de ce cercle d'herbe grasse, face à l'océan, c'est comme si elle le contrôlait de par sa présence.

Mais le détail de ce bâtiment me fis frissonner. Un crâne. Un crâne de dragon trône au dessus de la large porte d'entrée.

- Elle te plaît ?

D'un bon, je me retourne, la main posée sur le couteau toujours accroché à la ceinture, prête à le dégainer. Mais cette voix profonde qui a presque manqué de me tuer sur le coup appartient évidemment à l'homme qui prend place dans mes pensées les plus sanglantes.

- Elle me plairait davantage si c'était ton crâne qui était accroché là.

- Ne soit pas négative ma chère. Tu devrais te réjouir de la beauté de notre hutte.

Notre. Donc cette bâtisse est là où je vais devoir vivre avec ce monstre. Loin de tout, l'océan comme seul spectateur. C'est l'occasion rêvée de pouvoir m'en prendre à lui.

Ses grands yeux noirs me scrutent, il a l'habitude des gens qui lui veulent du mal, il détectera le moindre changement d'attitude en moi si je ne fais pas attention.

- A quoi songes-tu ma chère ?

- Aux différentes manières de te tuer.

- Parfait. Établi un plan solide pour ça, tu n'auras qu'un essai.