Chapitre 11

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Il est parti régler une affaire avec des chasseurs, donc je me retrouve seule dans la hutte. J'en profite pour observer. La hutte est grande, mais vide. La décoration est inexistante, rien qui la différencie des autres habitations. C'est le parfait opposé à la hutte de mes parents. Plus petite, mais riche. Des fleurs, des vases, des livres, des peintures, tout les murs et étagères débordaient de souvenirs. Viggo a des souvenirs ici ? Je ne pense pas que ce soit la hutte de son enfance, mais vivre ici, seul, dans une maison vide, je n'imagine pas la tristesse éprouvée pour avoir besoin de se séparer de la vie. C'est comme s'il refusait de s'octroyer de la vie, du mouvement. J'aperçois sous l'escalier des boucliers accrochés au mur avec des portraits de Vikings peints dessus. En les observants de plus près, je remarque que les noms de chaque Viking sont inscrit sur les parois des boucliers.

- Viktor, Ryker, et...Viggo

Le dernier portrait est caché sous un morceau de tissu. Je m'en saisi et là, un beau jeune homme aux cheveux noirs ébouriffés apparaît. Ses yeux ne sont pas cernés par la vie, sa douce peau n'est pas abîmée par la rudesse du travail. Et surtout, le sourire de ce garçon est sincère.

Je sens une main se poser sur la mienne et me retirer le tissu blanc d'entre mes doigts.

- C'est toi ?

Il me regarde, repose le tissu qui recouvre à nouveau le portrait et m'emmène m'asseoir à la table. Il se met face à moi et me sert un verre d'eau. Puis il entame ses explications.

- C'était il y a un peu plus de dix ans, je convoitais la place de chef, mais j'étais seulement le second fils. Lors de la mort de mon père, j'ai affronté mon grand frère dans une partie des "Masses et des griffes" pour réellement déterminer qui est digne d'être chef.

- Il a donc perdu.

Ma phrase n'était pas une question, et il le sait. Ce jeu est dangereux, amusant pour certains, mais lorsque l'avenir d'une tribu est mis en jeu à cause d'une seule partie, l'homme qui lance le défi sait qu'il va gagner. C'est pourquoi ce jeu de stratégie divise et réuni les peuples.

- Précisément. Ce qui l'a énormément affecté, mais il n'a eu d'autre choix que de me céder sa place. Et les portraits de Ryker, ainsi que le mien, ont été faits avant la mort de mon père, d'où mon jeune âge.

- Mais, exactement, tu avais quel âge ? Et Ryker, il t'en veut toujours ?

Il esquisse un sourire.

- Ma chère, tu quitteras les lieux si je te fais part de mon âge.

-Je te déteste déjà, ça ne risque rien, dis-je en prenant une gorgée d'eau.

- J'avais entre dix-huit ans. C'était il y a douze ans.

Je manque de m'étouffer avec mon breuvage.

- Tu as trente ans ? C'est bien ça ?

Il souffle du nez avec un petit sourire aux lèvres.

- Oui, c'est bien ça.

- Tu sais que je n'ai que vingt ans ?

- Et ? me dit-il en me regardant droit dans les yeux, avec un regard si déstabilisant.

- Donc cela ne te dérange pas de vouloir épouser une jeune ?

- La question, c'est : est-ce que cela te dérange d'épouser un vieux ?

Il se lève, et s'approche dangereusement, je me lève par réflexe de défense, mais il me bloque entre lui et la table.

Je ne sais pas quoi dire, son regard me fait perdre tout moyen, ses yeux sombres reflètent son âme, aussi noire que les enfers. Mon bas-ventre se réveille sous le contact de ses doigts sur ma joue. La pulpe de son pouce caresse ma lèvre inférieure, et il m'est à ce moment précis impossible de bouger ou de quitter ses yeux qui aimantent les miens.

- De toute mon existence, je n'ai jamais éprouvé de tels sentiments envers un humain. Tu me rends fou. Tu me met en colère, tu m'impressionnes, tu es revancharde, tu as cette passion, ce feu qui nous est commun. Et ce que j'ai découvert dans tes yeux et que je continue de découvrir, c'était de la passion, du désir et de l'aventure. Tu n'as pas à me craindre, je ferais tout pour toi.

- Tu te tuerais pour moi ?

- Je sais la réponse que tu attends de moi. Mais je ne suis pas le prince charmant de ton histoire, je suis le méchant. Je ne mourrais pas pour toi, parce que la vie sans toi n'a aucun sens. Mais je tuerais tout les vikings connus et inconnus de ce monde pour toi.

Ses lèvres sont si proches des miennes que je fis quelque chose que je pense regretter toute ma vie. Je vais faire basculer mon destin en une seconde, une seconde où j'aurais pu m'enfuir, reculer, hésiter. J'ai décidé de foncer, tête baissée dans la gueule du monstre.

Je m'empara de ses lèvres, son étreinte devint plus forte, plus puissante.

Une larme solitaire coula le long ma joue et se perdit dans notre baiser.

Mon innocence.

Prise entre les griffes du monstre.

Du monstre de mon histoire.

Sans cœur ni âme : Traque et passion - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant