Chapitre 22

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Un élevage de Gronks. Je me demandais bien à quoi ça pouvait servir. Mais alors que je m'avance vers les mâles enchaînés qui ingurgitent des tonnes de pierres pendant que les femelles, épuisées, s'occupent de mettre au monde des œufs où des petits au triste destin sortirons d'ici quelques jours.

- C'est quoi cette horreur ?

Mon époux ne relève pas ma remarque et continue sa route, ma main posé sur son bras. Après dix minutes de dispute, j'ai accepté de la positionner ainsi. C'était ça ou j'aurais dû rester dans le navire.

Mais c'est mal me connaître de croire que je vais rester sagement là comme une bonne épouse. Je me plante devant un gronk mâle qui me fixe de ses grands yeux tristes.

- Pourquoi ?

Mes questions l'exaspèrent, et c'est tant mieux.

- Ils mangent une certaine quantité de pierre savamment sélectionnée, et après ça, ils régurgitent leur lave. Lorsqu'elle refroidie, elle est forgée pour faire des armes ou bien des cages. C'est le métal le plus solide existant.

Mon envie de lui vomir mon repas sur les pieds est dangereusement élevée.

- Libère-les. Fait ça correctement. Construit des enclos pour les mâles afin qu'ils se reposent et des nurseries pour les femelles. Avec des dragons moins fatigués, tu pourras les garder plus longtemps et les femelles n'auront pas besoin de procréer autant.

Un sourire réponds à mon ton froid.

- Tu vois, quand tu veux bien coopérer. On peut faire des choses merveilleuses à deux.

Je lève la main, mais ma gifle est interceptée avant de rencontrer sa joue.

- Ne joue pas à ça mon petit monstre. Je vais arranger la situation et cette gifle n'a pas lieu d'être.

Plantée là comme une imbécile, il me laisse et va s'occuper de balancer ses ordres à ses équipes. Instantanément, ils abandonnent leur poste et exécutent les nouvelles directives.

Impressionnant.

C'est donc ça avoir le pouvoir de tout changer ?

Je ne me voile pas la face, ils restent des monstres, mais apaiser la souffrance des dragons est dans mon pouvoir. Alors je vais en user autant que possible.

Après deux jours passés sur l'île, les dragons sont apaisés et travaillent dans des situations plus confortables. Ils seraient mieux libres, mais c'est déjà une amélioration non négligeable.

Mon époux n'a pas tenté de me toucher, malgré mes hormones en ébullitions, je résiste au fait de me soulager seule. Il s'en rendrait compte et je pourrais oublier le privilège de marcher demain matin.

Et c'est hors de question que je lui cède. Le plaisir qu'il me procure est divin. Et j'ai bien peur de succomber à cause de ça. Accepter ma situation était déjà compliquée, mais subir la montée d'hormone suite à mon premier acte est une torture. Il faut que je trouve une solution pour y remédier. Le plus vite sera le mieux.

Notre séjour étant terminé, je pars m'installer dans les quartiers du commandant. Mon époux me suit de près, sûrement de peur que je désobéisse ou que j'entreprenne une chose stupide. Il commence à un peu trop bien me cerner, ça m'agace.

Et c'est sans étonnement qu'il écrit des choses sur des parchemins que je ne peux voir de là où je me situe. Jamais il ne relève la tête, jamais il ne m'accorde ne serait-ce qu'un regard. Je déteste ça. Être seulement une plante verte dans la pièce. Je n'ai personne avec qui discuter, aucun dragon pour me tenir compagnie, aucun combat pour me défouler.

Sans cœur ni âme : Traque et passion - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant