Chapitre 16

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Une jeune fille blonde m'observe avec un regard soupçonneux, comme si elle était la seule à comprendre que tout cela n'est rien d'autre qu'un arrangement. Les princes charmants n'existent que dans les ouvrages, il fût un temps où j'y croyais. Peu de temps après ça, je me suis mise à apprécier davantage les dragons contés dans les livres, plus que les humains. Et malheureusement, je compris trop tard que je tombais amoureuse du méchant de l'histoire.

Le méchant de mon histoire n'a rien d'un prince charmant, j'aurais dû m'en douter. De ses cheveux noirs à sa tunique composée d'écailles de dragons en passant par un regard assassin, les indices étaient assez présents.

Mon chef s'annonce à ses citoyens, tous à l'écoute, des regards noirs coincés dans mon dos.

- Mes chers vikings, nous allons célébrer non pas un mariage mais deux. Celui de notre guerrière Hannah Hasteïn et du chef des chasseurs Viggo Grimborn. Mais aussi le mariage de nos deux clans après l'accord qui va être signé dans quelques heures par le chef des chasseurs ici présent et moi-même.

Viggo acquiesce d'un signe de la tête, un sourire aux coins des lèvres. Je reconnais ce sourire satisfait, mais je n'y prête pas plus attention que ça.

Le silence qui suit est bien trop pesant, le grand chef blond aux yeux bleus emboîte le pas au chef des chasseurs vers la salle des festins. Nombreux sont les villageois qui suivent la marche.

Il a réussi.

Il obtient tout ce qu'il désire sans avoir à hausser la voix.

Je me dégoûte d'avoir flanché pour si peu.

D'un pas nonchalant, je m'en vais vers la hutte de mes parents, j'ai besoin de les voir. Rectification, j'ai besoin du réconfort de ma mère.

Une fois le pas de la porte passé, ce sont deux yeux verts qui m'accueillent. Je lis la tristesse dans ses yeux, elle sait.

- On dit que les yeux reflètent l'âme d'un être. La sienne est aussi noire que les enfers d'Hel.

Je ne répond pas, elle a raison.

- Tu ne peux pas assurer notre sécurité en te donnant à un monstre pareil.

Ma main trouve sa cuisse, j'essaye de la rassurer autant que je peux. Les mots que je prononcent sont pour elle autant que pour moi.

- Une guerrière se doit de protéger les siens. C'est ce que je fais.

- Il y aurait pu avoir d'autres solutions... Mon enfant...

Ses yeux s'embuent de larmes, je n'arrive pas à détourner la main que j'ai posé sur sa cuisse. Et principalement la bague qui l'orne.

- Ce n'est qu'un mariage mère, tout va bien pour moi, il saura s'occuper correctement de moi.

Je doute moi-même de cette affirmation.

- Comment elle son île ?

- C'est grand, très grand, il y a une immense forêt de pins, c'est magnifique. Je mens un peu, certes, mais je ne veux pas l'inquiéter plus que ça.

- Possède-t-il assez d'or pour subvenir à tes besoins ?

- Oui, la question ne se pose pas, sinon père n'aurais pas accepté une telle chose.

C'est ce dont j'essaye de me convaincre coûte que coûte.

- Je me souviendrais toujours de tes premières victoires, tes premiers échecs. Le sourire sur les lèvres de cette jeune fille d'à peine treize ans, lorsqu'elle reçut sa première hache. Les égratignures sur ses genoux lorsqu'elle s'entraînait dans l'arène. Les dizaines de lancer de hache qu'ont vu défiler ces forêts sur ces troncs centenaires. Tu es ma petite fille et tu le resteras pour toujours.

Sans cœur ni âme : Traque et passion - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant