Sans cœur ni âme : Traque et passion - Tome 1

Chapitre 37

Ils bavardent et rigolent, les premiers chasseurs que j'entends depuis mon lit préparent tout pour la vente aux enchère qui à déjà lieu dans dix jours. Des ordres sont lancés par une voix tonitruante, dictés de près par son cadet qui observe le moindre faux pas.

Je me redresse et monte sur le pont pour observer les allées et venues des soldats et chasseurs qui ne me prêtent pas la moindre attention.

D'un coup d'œil, je remarque la grande silhouette svelte de leur chef, posté sur une estrade en bois, clamant des ordres et envoyant son frère à droite et à gauche. Il me remarque au bout de quelques secondes, son regard divague sur moi et se reconcentre sur ses soldats.

Mes jambes souffrent de rester en pause, elles ont besoin d'exercice. Dévalant la planche en bois qui relie le navire à la terre ferme, mes pieds foulent la terre meuble et mes poumons se remplissent enfin d'air pur. Je me sentais à l'étroit dans ce navire, sans pouvoir courir ni me dépenser correctement, j'allais devenir folle.

Les chemins tortueux sont vides de verdure, usés par le passage incessant des vikings. Des cages sont installées à des endroits stratégiques. Elles me filent la chair de poule, peur de me retrouver de nouveau de l'autre côté des barreaux. C'est à cet instant que je remarque des dragons à l'intérieur de ces prisons mouvantes. Ils ont l'air terrifiés. Comme je l'étais.

- Ne vous inquiétez pas, ça va aller.

- Tu les rassure eux ou toi ?

Sa remarque me fait lever les yeux aux ciel, il m'insupporte rien que par sa présence.

- Un problème Ryker ?

- Aucun, mais je ne suis pas sûr que ta place soit là. Tu ne devais pas être enfermée à double tour dans la chambre de mon frère ?

Et toi tu ne devrais pas être six pieds sous terre ?

- Tu n'as pas mieux à faire que de me pister ? Je peux me débrouiller seule, tu ne crois pas ?

Sa grande et large stature se penche vers moi, son air supérieur me donne des envies de meurtre.

- Je n'ai pas le droit de te toucher, mais je peux toujours regarder ton joli petit c...

Il ne termine pas sa phrase, la gifle que je lui ai assenée est plus forte que je l'aurais pensé. Ses yeux noirs lancent des éclairs, il est fou de rage. Et ça va de soit. Qu'une femme ose frapper un viking, c'est une honte pour lui. Je le sens tâtonner dans son dos pour atteindre une de ses épées, je pense qu'il compte bien me tuer pour cet affront. Ce n'est pas pour autant qu'il aura le temps d'agir.

- Touche-moi avec ton épée et je te piétinerais Ryker. Je pense que ton frère t'a bien habitué à ça. N'oublie pas que je peux te tuer d'un coup de griffe. Remarque, tu me ferais un bon jouet à mâchouiller. Tu ne crois pas, beau-frère ?

Son teint pâle le trahis sans équivoque. Il sait ce que son frère est capable de faire, et si lui le peut, je le peux aussi.

Ma menace fonctionne, il rebrousse chemin, torturé par la frustration et la peur que je puisse ressembler à son frère.

Mais ce qu'il ne sait pas, c'est que ça me terrifie autant que lui.

Je relève les yeux vers l'estrade qui se situe à une cinquantaine de mètres de moi, et son regard sombre me percute. Il a assisté à toute la scène. Le sourire qu'il arbore me fait froid dans le dos. Il est fier. Fier que je me sois élevée contre son frère. Plus le temps passe, plus je lui ressemble.

Mais si lui ressembler inclus de ne plus se faire marcher dessus par les hommes, cela me convient. Pour l'instant.

Mon pied bute sur une pierre en avançant vers l'estrade, je l'observe en l'insultant de tout les noms pour avoir essayé de me faire tomber. Mais lorsque je remarque sa forme longiligne, je comprends sans effort que ce n'est pas une pierre mais un os.