Chapitre 15

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La décoration de leur base principale laisse considérablement à désirer. Les crânes de dragons, les armes et les parchemins ne sont pas ce que j'aurais pris en premier pour un endroit où je passe tout mon temps. Ryker rentre sans s'annoncer et salue son cadet. Il pose les yeux sur moi, qui me tient face à son frère qui se rapproche lentement de Ryker.

- Comment te sens-tu ?

- Je vais mieux, merci.

Il baisse les yeux et tend la main pour soulever ma jupe et observer mon bandage que j'ai essayé de camoufler au maximum. Le cadet ne réfléchi pas plus longtemps et se positionne entre son frère et moi, l'épée dirigée vers la gorge de ce dernier.

- N'y pense même pas.

- Je ne fais que regarder, ne t'en fais pas, je ne comptais pas toucher ta chère princesse. Dit-il en reculant et en levant les mains vers le ciel avec un ton moqueur.

- Je te demande pardon ? Dis-je à Ryker.

Ma remarque fut balayée en un rien de temps par la remarque sarcastique du chef des chasseurs.

- Tu devrais aller jeter un coup d'œil aux chasseurs, de les surveiller, tu vois, histoire qu'ils ne finissent pas tous en repas pour dragons.

À cette réponse, son grand frère grogne, mais obéit. Lorsqu'il quitte la hutte, son jeune frère se retourne vers moi et reprend sa place d'origine

- Il se passe quoi entre vous deux ?

- Rien qui ne te regarde.

- Je crois que tu te trompes Grimborn. Il me traite comme un de tes sous-fifres alors que je suis ta future épouse et tu es agressif avec lui comme un chien protégeant sa gamelle.

Ça y est, je l'ai dit. Et le sourire de mon interlocuteur me signifie qu'il n'a pas manqué ces cinq mots qui signifient tout pour lui. Oubliant la fin de ma phrase.

- Ma future épouse. Exactement. Il te fallait seulement un peu de temps. Mais maintenant que tout est bien clair. Rentrons sur ton île, j'ai une demande en mariage à faire.

Il pose une main sur mes reins et me pousse vers la sortie.

- Stop, tu écoutes quand je te parle ? Il se passe quoi entre ton frère et toi ?

- Rien qui ne te regarde. De légères discordes entre deux frères vois-tu. Rien d'important qui ne valent l'occasion d'ouvrir un débat.

Clouée par son manque d'approfondissement, j'avance vers le navire gigantesque. Le bois craque, les voiles sont d'une blancheur extrême, taguée du même symbole que la boucle de sa ceinture. J'étais bien trop proche pour ne pas l'analyser correctement.

Nous nous dirigeons dans les cales, directement dans les quartiers du capitaine. Tel le gentlemen qu'il est - aux dernières nouvelles – il me tire une chaise afin que je puisse m'asseoir face à lui, qui trône sur son siège qui fait face à la porte. Une table en bois nous sépare, où bon nombre de documents y sont dispersés.

- Tu aimes les jeux ?

- Oui, mais pas autant que toi visiblement. Tu vas me demander de jouer aux masses et aux griffes contre toi, dis-je en pointant le plateau posé un peu plus loin dans la pièce. On va parier une chose qui te ravira et tu sais pertinemment que tu vas gagner donc je te retirerais aucun bénéfice de cette partie.

Il applaudit avec un léger sourire sournois aux lèvres.

- Tu commences à bien me cerner, mademoiselle Hasteïn.

- On commence quand ?

Le sourire carnassier qui se dessine sur son visage est de plus en plus plaisant. Il installe le plateau de jeu en bois et me donne mes pions de jeu faits en marbre. Que la partie commence. Ses pions se déplacent, les miens gravitent autour de son pion à abattre pour gagner la partie, mais il a toujours un coup d'avance et contre systématiquement mes coups.

Sans cœur ni âme : Traque et passion - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant