Chapitre 30

13 1 0
                                    

Les oiseaux chantent et les terreurs terribles piaillent, me sortants de mes rêves. Le soleil fait son entrée et réchauffe la neige tombée dans la nuit. Je m'étire de tout mon long, un mal de tête me tire de mon sommeil profond. Les yeux collés, je tente d'observer les environs. Seule dans le grand lit, la place encore chaude à mes côtés m'indique que le monstre est parti il y a peu. Un verre d'eau et une carafe pleine m'attendent sur la table de chevet. La bouche sèche, je bois l'entièreté de l'eau à ma disposition.

Mes vêtements sont soigneusement pliés sur la chaise proche du lit. Maniaque, je m'en doutais, mais attentionné, je ne m'y attendais pas.

Les événements de la veille me reviennent à l'esprit, et principalement le fait que je lui ai avoué avoir envie de lui. Je suis stupide.

Stupide d'avoir envie de ce monstre, mais encore plus stupide de l'avoir mentionné à haute voix. Déjà qu'il s'en doutait, avoir cette certitude lui procure un avantage sur moi. C'était compliqué de lui cacher une telle chose, mon corps parlait pour moi. Ma bouche lui disait des horreurs alors que mon corps voulait se perdre dans les décombres de son âme, qu'il m'emporte en enfer avec lui. Mais mon coeur, lui, est celui qui est le plus perdu dans ce désastre émotionnel.

Dire que je l'aime serait faux, mais ne pas me l'avouer serait une hérésie.

Le simple fait que sa présence me provoque une dégringolade d'états émotionnel en dit long sur ma perdition dans ce que je ressens.

Ces émotions vont totalement à l'encontre de mes principes. Je me faisais à l'idée d'un mariage où je me devais de porter ses enfants, faire la cuisine, le ménage et faire bonne impression lors des banquets de chefs. Mon esprit est complètement embrouillé par le fait de devoir le suivre dans ses missions, son non-désir d'enfants et par dessus tout son désir de violence et de sexe sans limite.

Son comportement se répercute sur mes envies, devenant de plus en plus vicieuses et violentes. Ce monstre découle sur moi, et de manière inévitable, je finirais comme lui si je ne pars pas d'ici ou s'il n'est pas éliminé.

Mais une chose dont je parviens à retirer des bribes des souvenirs, c'est de son monologue sur des présumés pêcheurs malades. Ces paroles auraient dû me mettre la puce à l'oreille plus tôt. Je savais que s'éloigner de l'île principale n'était pas seulement à cause de l'entrevue avec les dragonniers.

Mais maintenant qu'il a récupéré l'objet auquel il tenait tant, les chevaucheurs de dragons arrêteront de s'en prendre à nous. Non ? C'est du moins ce que j'espère. Les choses sont à leur place désormais, les Grimborn ont récupérés leur héritage et les dragonniers sont tous en vie et libres.

La chose que je n'arrive pas à comprendre, c'est pourquoi avoir envoyé ses pêcheurs malades en mer au lieu de les exécuter sur le champ ? Pour tenter d'affaiblir les chevaucheurs de dragons, comme il l'a précisé, mais comment il peut s'imaginer parvenir à une telle chose ? Et comment saurait-il s'il a réussi ou non ?

J'ai besoin de m'isoler pour réfléchir. Proche de notre hutte, trône un immense sapin. Branche après branche, je grimpe à près de 6 mètres au dessus du tapis d'herbe. L'air frais m'apaise, et le silence me fait du bien. Mes yeux se ferment alors que mes jambes se balancent dans le vide.

Me chatouillant le bas du dos, mes longs cheveux bouclés flottent grâce à la légère brise qui caresse mes joues et fait rougir le bout de mon nez.

Une voix grave et puissante me sort de cet instant de paix. Elle irrite mes oreilles et me force à baisser les yeux vers le géant qui s'avance vers chez nous.

Chez son frère, rectification.

Ryker est accompagné de deux hommes et s'avance vers la porte de la petite remise qui longe la hutte. Ils rentrent et claque la porte derrière eux. Trois hommes pour aller faire quoi ? Surveiller mes moutons et vérifier que leur foin est adapté ? J'en doute fort.

Sans cœur ni âme : Traque et passion - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant