Au volant de sa voiture climatisée, Isaure monte le volume de la radio et fredonne l'air d'«In your Eyes » de The Weeknd.
Mon regard se perd dehors, le son s'insinue dans mes oreilles et me déconnecte de la réalité alors que je repense aux propos du Docteur Werner.
Il ne faut pas pousser quand même.
En deux secondes, il m'a sorti tout son laïus sur la dépression et le burn-out comme si j'étais la prochaine élue de l'année.
Bon, j'avoue qu'il n'a pas tort au sujet de la fatigue, si je pouvais rester chez moi tout un week-end à buller, je ne dirais pas non, mais c'est impossible.
La boutique et le club passent en priorité même si j'admets que les moments rien qu'à moi se font de plus en plus rares.
Même nos restaurants du lundi ont été abandonnés, tant nos journées, à Isaure et moi, sont remplies.
Et puis, les soirées mondaines barbantes pour lesquelles mes parents comptent sur ma présence me flinguent mon week-end aussi.
Quant à ma vie amoureuse, elle est aussi vide qu'un verre de vin rosé laissé à l'abandon dans un bar.
Ai-je du temps à consacrer à une relation ?
Non.
L'amour avec un grand A existe-il vraiment ?
Non plus.
J'ai vingt-cinq ans et je vais finir vieille fille avec des chats.
Depuis ma dernière relation amoureuse, tout a changé.
J'ai érigé des barrières indestructibles, personne ne pourra les rompre.
Au moindre signe d'attachement ou de sentiment amoureux, une alerte se déclenche pour que mon cœur ne finisse plus en miette.
Plus jamais, je ne veux revivre ce sentiment d'abandon et d'échec, ça fait trop mal.
La seule solution que j'ai trouvée pour ne pas sombrer est de travailler, m'occuper l'esprit pour ne plus y penser.
C'est de cette manière que j'ai réussi à l'oublier.
Oublier le seul que j'ai aimé jusqu'ici : Sam Miller.
«Il y a trois ans, j'ai rencontré Sam lors d'un anniversaire d'une connaissance commune.
Sur la terrasse au sommet d'un immeuble de haut standing au design épuré, à l'écart des invités, un verre à la main, j'étais occupée à observer le coucher de soleil.
Agacée par sa vantardise d'avoir eu l'occasion d'en admirer de plus beaux au Brésil, je l'ai rembarré et j'ai bien failli lui envoyer mon verre à la figure. Mais comme je n'aime pas le gaspillage, j'ai préféré le snober et finir mon verre.
Malgré mon air mauvais, il s'est accroché et a su trouver les mots pour me décocher un léger sourire. L'humour a ce pouvoir insoupçonné de me faire perdre pied.
Sam a redoublé d'efforts.
Ce soir là, j'ai cru bon d'écouter une petite voix qui me murmurait de lui laisser une chance.
Son sens de l'humour ponctué d'un léger accent so british m'a conquise d'entrée de jeu.J'ai appris qu'il était âgé de vingt-sept ans et qu'il était étudiant en médecine, spécialisation chirurgie.
Ma première impression le concernant n'était pas la bonne, j'avais cette tendance à juger les gens trop vite.
Sam était un mec simple, mature et sincère.
Dois-je vous signaler qu'il était à tomber par terre ?Cheveux blonds, yeux bleus et une carrure musclée, il n'avait rien à envier à personne.
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Le Dessous des Secrets
RomanceDepuis le départ de son ex à l'autre bout du monde, Ava a perdu foi en l'amour. Pour avancer, elle a décidé de maintenir les hommes à distance et de se consacrer entièrement à son travail dans sa boutique de lingerie. Après tout, aucun homme ne pour...