François est assis dans le salon, l'ordinateur sur les genoux, une tasse de café fumante sur la table basse.
Nous terminons notre entretien.
Les courriels de confirmation viennent tout juste d'être envoyés à la clientèle.
Des habitués, quelques nouveaux, mais seulement les élus.
Deux soirées, puis ce sera terminé.
C'est dingue, mais ça va me manquer. Toute cette adrénaline des préparatifs avant le jour J.
Je me demande comment le personnel et les clients vont réagir lorsqu'ils apprendront la fermeture du club.
Apparemment, François ne le sait pas encore, sinon c'est la première chose qu'il m'aurait annoncée en arrivant.
Je me garde bien de lui dire ; si ça tombe, Alix va changer d'avis.
— Voilà, il ne restera plus qu'à vérifier les paiements pour valider leurs entrées et établir le listing, conclut la voix de François qui me sort de mes pensées.
Il ferme son ordinateur et le dépose à côté de lui.
Je lui tends le pot de lait, il en verse dans sa tasse, puis il la porte à ses lèvres.
— Aucun problème, je m'en occupe.
— Ne te donne pas cette peine ! Je m'en charge depuis longtemps. C'est une simple formalité administrative, il me répond les sourcils froncés.
— Mais, tellement cruciale. Une seule erreur pourrait nous causer du tort.
Après avoir déposé sa tasse vide, François appuie ses coudes sur ses genoux. Ses doigts s'entremêlent et se tortillent. Ma remarque ne semble pas lui plaire, mais je tiens à le soulager, car il fait beaucoup pour le club.
— Nous n'avons jamais eu de souci, il ajoute. J'y veille personnellement.
Je remarque que François est contrarié.
Ses narines frémissent et sa bouche ne forme qu'une ligne.
— Tu ne me fais pas confiance ? Il me réplique d'un ton sec.
Un peu bousculée par son attitude, je tente de le raisonner et de le rassurer.
— Quand tu es arrivé, tu m'as dit être débordé, je pensais te soulager en te proposant de le faire.
François prend un moment avant de me répondre, ses traits se détendent.
— Je te remercie pour ta sollicitude, mais j'ai l'habitude d'être sous pression. Cela me motive dans mon quotidien. Concentre-toi sur le reste et, la prochaine fois, si tu y tiens toujours, je te montrerai les comptes et le carnet d'adresses de la clientèle.
Ne souhaitant pas le bousculer davantage, j'accepte sa proposition. L'avenir du club est incertain, autant le laisser faire. De plus, j'ai des détails à régler et à vérifier.
François me lance un regard furtif et un léger sourire en coin avant de se lever et de ranger son ordinateur portable dans un attaché-caisse.
En bas de mon immeuble, nous nous saluons et nous nous séparons sous l'œil attentif de madame Klapish, qui balaie des feuilles imaginaires sur le trottoir.
Alors que je me dirige vers ma voiture, la voix d'Adèle m'interpelle. Elle claque la porte de sa voiture et vient à ma rencontre.
— Tu pars ? Elle me demande.
— Je vais à la boutique. Isaure s'occupe des derniers détails pour le lancement du site internet.
— Est-ce que je peux venir avec toi ?
J'acquiesce et nous montons dans la voiture.
Je démarre, actionne la marche arrière et change de station radio, les paroles incompréhensibles de certains chanteurs actuels me font saigner les oreilles.
— J'ai rencontré Marie-Cécile hier soir. Elle a insisté pour qu'on mange ensemble et ensuite, nous avons fini au Sky Haven Bar. Seigneur, quelle erreur ! Elle était tellement ivre que j'ai dû la reconduire chez elle. Finalement, c'était plus prudent que je reste avec elle.
— Ça ne m'étonne pas d'elle, je réponds en passant une vitesse. Deux éléments régissent sa vie : l'alcool et le sexe.
— J'ai essayé de la raisonner quant à son mode de vie, mais elle revenait toujours vers moi pour savoir comment allait mon couple. Je n'ai pas compris son obsession.
— En fait, trois éléments régissent la vie de Marie-Cécile : l'alcool, le sexe et les potins.
— Tu n'as pas tort. J'ai fait de mon mieux pour esquiver ses questions. Si elle apprend quelque chose, elle va répandre des rumeurs.
— Pas faux ! Je confirme en me garant sur le parking.
— Justement à ce sujet, je voulais te demander un truc.
J'alterne des regards en biais vers Adèle tout en restant concentrée sur la route.
Les yeux rivés sur ses mains, elle joue avec le tissu d'une robe vaporeuse au motif Vichy bleu clair. Décidément, mes vêtements lui vont mieux qu'à moi.
— Vas-y, accouche, je l'encourage.
Ses doigts quittent les plis pour venir remettre en place quelques mèches blondes derrière ses oreilles.
— Il est temps de dire aux parents que je suis séparée d'Édouard. Je ne veux pas qu'ils l'apprennent par quelqu'un d'autre. Cette nouvelle va créer un très gros conflit ; donc, j'aimerais que tu sois à mes côtés. Ta présence va m'encourager à ne pas perdre pied.
— Quand ? Je demande d'une voix à peine audible.
Le simple fait de devoir me retrouver face à eux me donne des sueurs froides. Pourtant, la détermination qui transparaît dans ses yeux me motive à accepter. De plus, notre père risque de péter un plomb, autant que je sois présente.
— Dimanche en quinze. Je comprendrai que tu refuses, elle murmure, la mine désolée.
— Tu peux compter sur moi, je la rassure. À deux, on sera plus fortes.
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Le Dessous des Secrets
عاطفيةDepuis le départ de son ex à l'autre bout du monde, Ava a perdu foi en l'amour. Pour avancer, elle a décidé de maintenir les hommes à distance et de se consacrer entièrement à son travail dans sa boutique de lingerie. Après tout, aucun homme ne pour...