Chapitre 21

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— Sérieusement ? Ta sœur vit chez toi depuis deux jours, s'étonne Isaure depuis les cabines d'essayage.

— Oui. Son médecin l'a jugée inapte au travail. Nous ne nous voyons que le soir. On discute un peu, je lui explique en installant de nouveaux paréos sur une tringle. Je crois qu'elle commence à ouvrir les yeux sur sa relation avec Édouard.

— Qu'est-ce qui peut la retenir ? Je ne comprends pas. Et lui, que pense-t-il de tout ça ? demande Isaure en repliant des hauts en satin sur une étagère.

— Selon l'échange qu'ils ont eu au téléphone, il semblerait qu'il soit d'accord pour qu'elle prenne du temps pour réfléchir.

Isaure arque un sourcil circonspect et secoue la tête d'incompréhension puis change de sujet.

— À quelle heure, arrive-t-elle, ta nouvelle recrue ?

— Elle s'appelle Ambre et elle ne devrait plus tarder, je réponds en jetant un bref coup d'œil à la grande horloge fixée au-dessus du comptoir.

— Des nouvelles d'Apollon ? Elle me taquine, les yeux étincelants d'un intérêt sans fin.

— Pas depuis notre rencontre il y a deux jours.

— Tu veux dire que tu n'as pas de nouvelles depuis votre remake de la scène culte du film
« N'oublie jamais », se marre ma pote. As-tu l'intention de lui donner une autre chance à ce gars ?

— J'en ai envie, je lui réponds, incertaine. Sauf que...

Je laisse ma phrase en suspens, ne sachant plus vraiment si cette relation en vaut la peine.

Mon Dieu, quelle cruche, je fais !

— Si tu mets toutes les barrières du monde entre vous, tu prends le risque de tout faire capoter. Parle-lui. Sinon, comment veux-tu qu'il comprenne ?

– Hum. Je crois que je n'ai pas besoin de le faire, il m'a déjà bien cerné.

— Alors qu'est-ce que tu attends ?

Je hausse les épaules, elle se rapproche de moi, une expression si douce sur le visage.

— Ava, tu ne peux pas continuer à fuir dès que tu rencontres un homme qui pourrait te rendre heureuse.

Je baisse les cils, consciente de la véracité de ses propos ; une boule se forme dans ma gorge.

— Tu as une vision tronquée de l'attachement et de l'amour. Personne ne peut te blâmer pour ça, tes parents sont le pire exemple en la matière. Ta sœur t'a abandonnée, ton frère est effacé et Sam est parti.

Une larme roule sur ma joue et s'écrase sur l'un des paréos fleuris que je tiens en main.

— Tu me connais bien, je souffle. Merci de faire partie de ma vie.

— Je ne voulais pas être aussi dure, elle murmure, les larmes aux coins des yeux avant de se racler la gorge. Bon ! Allez ! Répète après moi : « Je suis une femme formidable. »

Je me ressaisis, obtempère pour jouer le jeu.

— À partir d'aujourd'hui, continue Isaure, j'ouvre mon cœur et je vais profiter de chaque instant pour baiser avec Apollon, multiplicateur d'orgasmes.

— Non, mais tu n'es pas bien toi.

Nous éclatons de rire pendant plusieurs secondes que nous n'avons pas entendu la sonnette d'entrée.

— De quoi parlez-vous donc ?

— Bonjour, Adèle ! Tu es là. Je disais justement à ta sœur qu'elle est formidable et qu'elle devrait s'envoyer en l'air plus souvent. Le gars qu'elle a rencontré est super canon.

Le Dessous des SecretsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant