Chapitre 31

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— Non, mais je n'y crois pas, scande Isaure, les yeux arrondis de surprise depuis son fauteuil club, qui attire l'attention des tables voisines du "Sky Haven Bar".

À vrai dire, moi non plus. J' ai encore du mal à réaliser ce changement soudain.

Depuis que je suis ado, le coiffeur et moi, nous ne sommes pas de bons amis.

Voilà ce qui explique mon indomptable tignasse.

Et pourquoi me direz-vous ?

Pourriez-vous m'expliquer en quoi deux centimètres correspondent, selon le langage des coiffeurs, à six ?

Je noue donc une relation de très loin avec les aficionados du ciseau.

Même si je connais Sydney depuis longtemps, j'ai toujours eu de l'appréhension avant mes rendez-vous chez elle.

Et pourtant, elle m'a écoutée attentivement, m'a posé plusieurs questions et a répondu à mes interrogations afin de concevoir mon nouveau look.

Privée de mon reflet, j'avais juste l'impression de me retrouver dans une de ces émissions de téléréalité.

Le bruit des ciseaux m'a arraché une petite larme. À la manière d'une prêtresse, qui mêle à la fois les pinceaux et les produits, ses doigts de fée s'exécutaient avec agilité.

Au bout de deux heures, elle m'a remis un mojito dans les mains, puis un deuxième une heure plus tard.

C'est une excellente idée de servir des cocktails, à moins que ça finisse par du vomi sur les cheveux.

Lorsque mon reflet est apparu, je n'en croyais pas mes yeux : l'émotion m'a pris aux tripes.

Ma couleur d'origine avait à peine changé ; elle était plus brillante et nuancée par des reflets subtils plus clairs autour de mon visage.

Selon Sydney, il s'agissait d'un « contouring ».

Finalement, je suis sortie avec soixante centimètres de cheveux en moins et avec un nouveau rendez-vous fixé le mois prochain.

Autant vous dire que je n'ai absolument rien compris à son jargon, si ce n'est que ça allait encore me coûter une fortune.

En prime, sur ses conseils, je me suis offert des produits qui promettent des miracles dont j'ai déjà oublié l'utilisation.

Et comme tout travail mérite salaire, je me suis fait délester d'un montant astronomique que j'emporterai sur mon lit de mort.

— Tu es magnifique. Ce carré "waouh", me lance Isaure, souriante, lorsqu'elle m'embrasse affectueusement.

En enlevant ma fine veste noire, je regarde Adèle. Un demi-sourire accroché à ses lèvres, elle tripote ces doigts posés sur ses genoux.

— Excuse-moi, elle fait à mon attention. La seule robe correcte que j'aie est au pressing alors...

—... Alors, on fouillé dans ta penderie, l'interrompt Isaure. De toute manière, cette robe va mieux à Adèle qu'à toi.

— C'est vrai, je réponds en prenant place dans un fauteuil. Ne t'excuse pas. Prends ce que tu veux comme fringues, j'en ai bien trop. Tu es splendide.

— C'est grâce à Isaure, elle répond en lui adressant un regard reconnaissant, parfaitement maquillé.

— Je n'ai pas fait grand-chose. Tu as le visage d'une poupée et un teint aussi lisse qu'une Kim Kardashian qui revient d'une séance de botox.

Le Dessous des SecretsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant