Chapitre 50

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Je suis occupée sur mon ordinateur à l'étage de la boutique lorsque j'entends un coup frappé contre la porte.

Adèle apparaît et pose son sac à main sur le canapé qui me sert de refuge depuis plus de dix jours.

Pendant plusieurs instants, ses yeux balaient la pièce et évitent de croiser mon regard.

Elle ouvre et ferme plusieurs fois la bouche comme si elle cherchait ses mots, puis inspire profondément avant de se lancer d'une voix mal assurée, mettant ainsi fin au malaise naissant.

— Je te dois des excuses, Ava. Tu m'accueilles chez toi, m'offres du réconfort et du soutien et en retour, je n'ai pas été à la hauteur au moment ou tu avais besoin de moi. J'ai été en dessous de tout, la pire sœur du monde.

Une larme roule le long de sa joue.

— J'espère que tu pourras me pardonner. Elle déclare avant de tourner les talons pour partir.

Je me lève précipitamment de ma chaise de bureau pour la stopper.

— Attends, Adèle, bien sûr que je te pardonne, tu es ma sœur.

Elle se fige.

Ses sanglots redoublent.

Je la prends, alors, par la main et la guide jusqu'au canapé pour la faire asseoir et lui propose un mouchoir.

— Moi aussi, je dois te présenter des excuses, j'aurais dû te parler de cette partie de ma vie. Tu es choquée, je le comprends, mais il y a un contexte derrière ces photos.

— Tante Alix m'a tout expliqué, elle me répond après avoir mouché son nez et épongé ses larmes. Et j'ai réalisé toute l'importance que ça représentait, le fait que tu aies dû garder tout cela pour toi. Tu n'as pas à t'en vouloir, je n'étais pas digne de ta confiance. Notre relation s'est détériorée au fil des années et j'en suis l'unique responsable. En tant qu'aînée, c'est mon rôle de prendre soin de toi.

— On s'en fiche de tes valeurs de bourgeoise. Ce qui est important, c'est que tu sois là et qu'on puisse en parler et veiller l'une sur l'autre. D'accord ?

Adèle hoche la tête et pose sur la table basse ce qu'il reste de son mouchoir.

— Oh ! Et, je suis navrée pour toi, elle annonce d'une petite voix. C'est Isaure qui m'a appelé pour me remonter les bretelles hier pour que je me bouge le cul. Tu as tellement de chance d'avoir une amie comme elle ! Je t'assure que je ne savais pas que Thomas était chez nos parents et pourquoi il était là. Ce connard est marié. C'est horrible. Je n'en reviens pas. Comment peut-on faire autant de mal à quelqu'un ?

Que dire ?

Qu'à la minute où j'ai réalisé que je n'étais que la femme de l'ombre, mon cœur a explosé en mille morceaux.

Que depuis une semaine, je me demande comment j'ai pu laisser tomber mes barrières aussi rapidement et avoir été autant aveugle.

Que par moment ma tristesse se transforme en une rage si démesurée que s'il était devant moi, je ne pourrais plus me contrôler.

Que chaque jour qui passe, je dois me faire violence, repousser mes limites pour préserver ce qui reste de ma dignité en sauvant les apparences.

Qu'une fois, seule, le soir, mes sanglots se déversent jusqu'à ce que, je sois épuisée, Morphée me prenne dans ses bras.

Que le matin, j'essaie de réduire les dégâts à coups d'artifices pour occulter les cauchemars qui m'ont hanté toute la nuit.

Dois-je lui répondre que mon cœur se comprime à chaque fois qu'un souvenir de nous refait surface ?

Le Dessous des SecretsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant