Chapitre 22

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Je patiente depuis quinze minutes dans une salle d'attente surchauffée, malgré les fenêtres ouvertes qui n'arrivent pas à diminuer la température ressentie.

Après deux jours de pluie, la chaleur est revenue.

On parle de canicule en mai, ce qui est inédit à cette période de l'année.

— Mademoiselle De Courtanel, une infirmière m'appelle. Veuillez me suivre, s'il vous plaît.

J'obtempère, j'entre dans le cabinet et m'installe sur la table d'examen comme elle me l'avait demandé avant son départ.

Je patiente.

Puis je me fige.

Croyez-moi, Dieu envoie des signes et Satan s'occupe de les concrétiser de la pire manière qui soit : la preuve étant.

— Bonjour.

La vie nous réserve parfois bien des surprises, et celle du Docteur Werner en est une.

Bien sûr qu'il travaille ici.

Il entre sans même me regarder, le visage fermé, s'installe derrière son bureau.

Autant joindre l'utile à l'agréable, j'ai donc tout le loisir de le mater.

Est-ce qu'il va encore jouer au docteur — stagiaire connard cette fois-ci ?

— Donc, vous venez pour enlever vos points de suture, il s'adresse enfin à moi en se levant de sa chaise sans m'accorder de l'attention.

Non, je m'ennuyais chez moi, alors je suis venue faire un petit coucou.

— Content de savoir que vous aviez envie de me revoir.

Et j'ai parlé tout haut.

Je vire au rouge et, lui, il sourit en coin.

— Votre collègue est partie, je lui fais remarquer en la cherchant du regard pour changer de sujet.

— Elle a accumulé du retard dans ses soins, alors je prends le relais.

Quel grand seigneur !

Ilse dirige vers l'évier, lave ses mains et les sèche avec une serviette en papier dans un silence oppressant.

Sur la table, près de moi, il pose un set de pansements qu'il déballe.

— Bien, allons-y, comment vous sentez-vous ? Il demande en écartant les cheveux de mon visage. Je remarque qu'on ne voit presque plus l'hématome sur votre bras. Vous avez une meilleure mine. Prenez-vous des compléments de fer ?

À son contact, un sentiment de gêne m'envahit, je baisse les yeux sur mes doigts entrelacés sur mes genoux.

— Je prends votre silence pour un non, il continue en jetant le pansement à la poubelle.

Il se saisit d'une pince et d'un petit scalpel.

— Euh ,désolée, j'étais perdue dans mes pensées. Je prends bien une gélule tous les matins.

Gros mensonge.

La boîte est intacte, cachée dans l'armoire à pharmacie.

Il n'y a pas mort d'homme, il ne le saura pas.

Concentré, il s'avance davantage et, quelques secondes plus tard, il m'annonce que c'est terminé.

— La cicatrice est infime. Je vais vous prescrire une crème cicatrisante à appliquer deux fois par jour.

Derrière son écran, il tape rapidement quelque chose et imprime un document qu'il dépose sur le bureau.

— N'oubliez pas de prendre rendez-vous pour une prise de sang. J'espère que vous avez diminué un peu vos activités professionnelles.

Le Dessous des SecretsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant