Un mois s'est écoulé depuis la dernière soirée au Midnight Club. Quand ma tante m'a confié l'organisation de l'événement, je le souhaitais, époustouflant, festif et glamour, à la hauteur de notre clientèle.
Une ambiance de cabaret s'est imposée dans mon esprit avec un spectacle burlesque intime animé par une troupe de danseuses. Et pour faire monter la température jusqu' à son paroxysme en fin de soirée : un strip-tease.
Ah, mais je vous vois venir, pas n'importe quel numéro vulgaire.
Non, il s'agit plutôt d'un effeuillage dans les règles de l'art savamment orchestré et sensuel.
C'est tout naturellement que j'ai fait appel à « Connect », la boîte où travaille Mathias.
En entrant dans la salle, on se retrouve instantanément plongés dans un univers évoquant le glamour et la sophistication des grands cabarets des années 1920.
La société de décoration événementielle a, une fois de plus, réalisé un travail remarquable.
Rien n'a été laissé au hasard : toutes mes exigences ont été satisfaites, tout est parfaitement conforme à mes attentes.
Les lustres en forme de candélabres diffusent une lumière tamisée et des voilages rouges cascadent des plafonds jusqu'aux murs.
Un mur est entièrement recouvert de roses pourpres entremêlées de rubans noirs et de colliers de perles argentées, ce qui crée une ambiance élégante.
Des fauteuils capitonnés en velours rouge ornés de motifs dorés invitent à la détente et au plaisir, tout en offrant une vue sur la scène. Lieu qui suscitera bientôt l'émerveillement et les fantasmes.
Chaque table d'appoint est habillée d'une nappe noire et sublimée de vases qui contiennent des plumes ou des fleurs fraîches.
Enfin, le sol est entièrement couvert d'un tapis duveteux blanc et noir aux formes géométriques.
Ravie du résultat, je regarde autour de moi et vois mes collègues masqués qui s'activent, et sourient, vérifiant les derniers détails. Je sais que je peux compter sur leur professionnalisme.
« Tout va bien se passer », ces mots tournent en boucle dans ma tête pour me convaincre que tout ira bien.
Et pourtant, un doute m'étreint depuis qu'Édouard s'est pointé chez moi et qui ne fait que s'accentuer depuis son SMS d'hier soir.
« Un seul geste de ta part et tout peut basculer ».
L'enfoiré !
Une menace à double sens qui ne cesse de me tarauder.
Soit, je l'aide et je condamne ma sœur, soit je refuse et je me condamne moi-même.
J'ai effacé son message pour ne pas lui répondre.
Dans un accès de colère, je me serais peut-être laissée aller à lui dire n'importe quoi, ce qui aurait pu entraîner des conséquences dramatiques pour la suite.
— Ava ?la voix calme de John me sort de mes pensées tourmentées. Mathias te demande. Il aurait un problème.
Je fronce les sourcils.
— Ça ne va pas te plaire, il ajoute en soupirant. Vas-y, pendant ce temps-là, je vais vérifier une salle à l'étage. Azumi et Mélodie sont à l'accueil, elles préparent les goodies bag pour les clients. Elena s'assure que les danseuses ne manquent de rien dans les loges. Ensuite, elle viendra me rejoindre au bar.
J'opine.
Sans dire un mot, je me dirige vers les vestiaires sans être pour autant rassurée.
Lorsque j'arrive à l'intérieur, Mathias longe le mur en effectuant plusieurs allers-retours sous le regard de ses quatre collègues.
Il s'arrête brusquement, me voyant, et passe une main sur son front.
— Salut.
Il inspire puis expire et lâche.
— Je vais être franc avec toi. On a un problème. Jessie n'est pas là. Elle n'est pas venue à la répétition d' hier et elle ne répond pas aux appels depuis. Un pote flic va se rendre chez elle pour s'assurer qu'elle va bien. Il me tiendra au courant.
— OK, et si elle ne vient pas, qu'est-ce qui se passe ? Je demande en effleurant mon index de mon pouce, dans l'espoir de contenir mon calme.
— Certains numéros devront être modifiés pour permettre à mon équipe technique de remplacer le décor pendant qu'on change de costume, il répond en passant une main dans les cheveux. Cela exige de repenser toute la logistique musicale et organisationnelle du show.
— Est-ce possible ?
— Oui seulement, le numéro final est un duo ; Jessie et moi. Agathe et Naomie ne le connaissent pas, il continue d'une voix posée.
Les intéressées sont assises sur un banc et écoutent notre échange.
— Supprime-le, dans ce cas.
La porte s'ouvre et interrompt la conversation.
— Ava ? m'interpelle Azumi, dans l'encadrement de la porte, la mine affolée. Désolée de te déranger, mais il manque un carton de goodies bag.
Je ferme les yeux et inspire profondément.
L'ongle de mon index tranche mon pouce en même temps que j'expire.
« Tout va bien se passer ».
— Mathias, trouve moi une solution d'ici deux heures ! Je n'ai pas fait appel à « Connect » pour rien. Vous êtes les meilleurs.
Je me tourne vers ma collègue.
— Les cartons sont probablement dans la réserve. Je vais voir. Pendant ce temps-là, attendez-moi à l'accueil.
Elle hoche la tête et ferme la porte. Puis je reporte de nouveau mon attention sur Mathias.
— Je compte sur toi, Mathias. Si tu as besoin de moi, appelle-moi.
À l'étage supérieur, je mets quinze minutes à retrouver les caisses, qui étaient rangées dans un autre endroit que celui prévu.
Évidemment, cela aurait été trop simple si elles avaient là, devant mes yeux.
J'appelle John et lui demande de descendre un carton.
Mon anxiété augmente lorsque je réalise que le temps m'est compté.
J'ai dix minutes pour me préparer.
Je descends.
Arrivée dans les vestiaires, je prends la housse qui contient mon uniforme et je fais glisser la fermeture.
Je suspends la tenue sur le crochet de mon casier puis j'enlève mes vêtements.
Maintenant nue, je mets des bas résille noirs puis une culotte en satin par-dessus. Je termine par une paire d'escarpins à hauts talons noir brillant.
Elena entre et remarque que je ne suis pas encore prête. Elle m'aide à enfiler le magnifique corset noir à lacet dans le dos.
Faute de temps, je n'ai pas que d'autre choix que de conserver mon make-up léger sur les yeux et de me contenter d'un rouge à lèvres rouge.
Je place ensuite mon loup en dentelle noir et termine par un court carré noir frangé pour compléter ma transformation.
Je fixe le téléphone à mon poignet gauche puis je me saisis du listing.
Je descends les escaliers à toute vitesse en espérant de ne pas tomber. Il ne manquerait plus que ça!
Je chasse mes craintes persistantes et je fais signe à Grégoire et Félix d'ouvrir la porte.
C'est parti.
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Le Dessous des Secrets
RomansaDepuis le départ de son ex à l'autre bout du monde, Ava a perdu foi en l'amour. Pour avancer, elle a décidé de maintenir les hommes à distance et de se consacrer entièrement à son travail dans sa boutique de lingerie. Après tout, aucun homme ne pour...