Chapitre 49

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Lachaleur printanière ne suffit pas à me réchauffer, mon être entier est glacé, j'erre sans but dans les rues de la ville en état de choc.

Thomas est marié.

Thomas est marié.

Thomas est marié.

Inlassablement, ces trois mots tournent en boucle dans ma tête et portent toujours au même constat : c'est impossible.

Thomas est marié à Lucinda.

Dans les méandres de mon cerveau, je cherche le moindre détail qui aurait pu me mettre la puce à l'oreille alors que chaque instant partagé paraissait sincère.

Finalement, j'aurais dû prendre plus au sérieux les appels incessants qu'il recevait et ses brusques changements d'attitudes.

J'y ai vraiment cru.

À notre histoire.

Tout n'était que du vent.

Et, il a, même, poussé la tromperie en m' emmenant dans leur maison de vacances.

Là, aussi, il était fâché lorsque j'ai évoqué l'achat du cottage. Je comprends pourquoi à présent. Ils en sont les propriétaires.

Imaginez la situation dans le bureau du notaire.

Je crois que je vais vomir.

Soudain, une main se pose sur mon bras et me fait sursauter.

—Pardon, je ne voulais pas te faire peur. Je t'ai appelé plusieurs fois, mais tu ne m'as pas entendu.

Je souffle et pivote.

—Et, je comprends pourquoi, il ajoute. Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Tu pleures. Quelqu'un t'a fait du mal ? Il demande avec empressement les sourcils froncés.

J'essuie mes larmes d'un revers de la main, le contourne et poursuis mon chemin.

—Ava !

Alors, oui, je sais, c'est mal poli. Mais voyez-vous, à ce moment précis, j'ai l'impression de vivre un cauchemar éveillé et taper la discute n'est pas dans mes cordes.

—Je n'ai pas envie d'en parler Jacob. Excuse-moi, je ...mon regard vacille autour de nous, je mets du temps à reconnaître les lieux où je me trouve et surtout, je préfère éviter de croiser son regard et d'y lire de la pitié.

—Viens par ici, il ordonne en me prenant la main. Je le suis, bien malgré moi, dans une petite allée qui débouche sur un petit parc. Jacob me fait asseoir sur un banc en bois.

Des éclats de rire d'enfants attirent mon attention, ils s'éclaboussent mutuellement avec les jets d'une fontaine publique sous les flashs des appareils photo de leurs parents tout aussi amusés.

Tant de joie me met du baume au cœur.

Un gobelet en carton vient cacher partiellement le spectacle, je le saisis et hume son effluve ; du thé.

Jacob s'en est souvenu.

Il prend place à mes côtés et observe la scène.

—Il y a plus d'un an et demi, j'ai décidé de tout plaquer. Au fur et à mesure des années, j'étais devenu tout juste bon à multiplier les heures et les gardes pour rendre service à mes confrères. Les patients étaient devenus des numéros et mes collègues tout au plus des prestataires. Et puis un jour, je me suis réveillé reclus de fatigue. J'étais persuadé que c'était passager et j'ai continué à bosser pendant des mois au même rythme. Et puis, un matin, mon corps a tiré la sonnette d'alarme : il m'était impossible de sortir de mon lit. Un toubib qui frôle un burn-out, si, ça, ce n'est pas bizarre.

Le Dessous des SecretsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant