Chapitre 42

41 6 4
                                    


C'est avec les jambes tremblantes que je descends, les escaliers attenants à la scène, guidée par Mathias, une main sur mon épaule.

Avant de disparaître derrière le rideau épais en velours pour rejoindre sa loge, il me lance un sourire accompagné d'un clin d'œil complice.

Trop d'émotions se mêlent, j'ai encore du mal à réaliser ce qu'il vient de se passer.

J'ai besoin de quelques instants pour reprendre mon souffle et rassembler mes pensées après la représentation. Naomie, Agathe, Diégo et Joss, nous ont rapidement aidés Mathias et moi à nous rhabiller, tout en nous gratifiant des éloges sur notre duo.

Ensemble, nous avons salué un public exalté qui sifflait et tapait dans ses mains, prêt à continuer à faire la fête.

Un air de jazz-piano emplit l'espace.

La lumière est tamisée, juste assez pour se déplacer et créer une ambiance intime.

Statique, au pied de la scène, l'adrénaline pulse encore dans mes veines et mon cœur se comprime sous les regards appuyés des clients.

Compte tenu de l'intérêt que je suscite, et franchement, je ne ressemble en rien à Clara Morgan, je crois que je risque d'être abordée avant d'atteindre la porte de sortie.

J'avance avec précaution et j'essaie d'éviter l'attention que me portent les clients, dont les duos, trios ou petits groupes.

Certains se passent la langue sur les lèvres et d'autres m'adressent des compliments, ce qui est perçu comme une invitation à me joindre à eux.

Merci, mais non merci.

La tête baissée, je presse donc le pas sans vraiment regarder ou je vais et me heurte soudain à quelqu'un.

Avant même de me retourner pour formuler des excuses, une fragrance entêtante, que je pense déjà avoir sentie, emplit mes narines. Mélangée à la chaleur ambiante, j'ai un haut de cœur.

Vite de l'air, cette odeur m'insupporte.

La jeune femme blonde que je viens de bousculer tente de se dérober en détournant son visage masqué.

Sans dire un mot, elle me présente ses excuses en agitant la main pour ensuite m'offrir son profil.

Notre interaction est brève, je ne m'en formalise pas. Après tout, c'est peut-être une première pour elle et elle semble mal à l'aise.

Un homme s'interpose, devant elle, son partenaire certainement.

Grand, brun et si musclé que ses fringues doivent se demander comment elles arrivent à rester en place.

Son sourire creuse deux fossettes au niveau de ses joues et me laisse une impression de déjà vu.

Ses yeux dissimulés sous un loup en cuir me scrutent de haut en bas en s'attardant sur ma poitrine.

Soudain, il avance d'un pas, je recule par instinct.

Au moment où sa bouche s'apprête à s'ouvrir, sa partenaire blonde cachée derrière sa carrure l'arrête brutalement.

L'occasion étant inopinée, j'en profite donc pour m'enfuir le cœur battant. Enfin sortie, je m'agrippe à une rambarde dans le couloir insonorisé. Je tente de reprendre pied.

Non, mais quelle soirée !

Le silence et ma solitude sont de courte durée, le battant s'ouvre et se ferme.

Prise de panique à l'idée que « musclor » me suit, je presse le pas pour rejoindre la porte qui donne accès aux loges, lorsqu'une voix masculine m'interpelle.

Le Dessous des SecretsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant