Le Dessous des Secrets

Chapitre 27

—Sérieusement ! Ta sœur est revenue chez toi ? s'exclame Isaure en se carrant dans le siège en rotin.

Après plusieurs sessions physiques, comme se plaît à le dire Thomas, il a été contraint de s'éclipser en fin d'après-midi pour une urgence dans l'un de ses restaurants.

Même si lui semblait en pleine forme, ce n'était pas mon cas.

Comme une moule accrochée à un rocher, je suis restée vautrée dans mon fauteuil à zapper devant mon poste de télévision.

Autant avouer que l'inspecteur Derrick n'a pas retenu mon attention, je me suis endormie comme une merde.

Des coups à la porte m'ont réveillée.

La nuit était déjà tombée.

Mes yeux auraient pu sortir de leurs orbites quand j'ai vu ma sœur se tenant sur le seuil, le visage aussi chiffonné que la robe qu'elle portait.

Sans un mot, j'ai ouvert et elle est entrée.

Assise dans le fauteuil du salon, Adèle s'était murée dans un silence religieux, les larmes coulaient sur ses mains qu'elle frottait l'une contre l'autre.

Après un certain temps, je me suis installée à ses côtés et lui ai tendu un mouchoir.

Pour la seconde fois, je ne savais pas sur quel pied danser.

Je voyais ma sœur vulnérable, ce qui était tout sauf habituel.

Je craignais le pire quant à sa relation avec Édouard.

À cause de ça, je le méprisais encore plus, ce petit con.

Ne voulant pas la brusquer plus que nécessaire, j'ai réparé un plateau avec deux tasses de thé et des biscuits, car les ébats de l'après-midi m'avaient affamé.

Après avoir terminé son thé et vidé la boîte de Kleenex, Adèle s'est massé les tempes en se penchant sur ses genoux.

Les yeux gonflés par les larmes ont eu raison de sa fatigue avancée.

Je me suis dirigée vers la cuisine et j'ai rempli un verre d'eau et pris un antidouleur.

Adèle n'a pas hésité.

Après avoir avalé le comprimé, je l'ai invitée à me suivre dans la chambre d'amis, qu'elle connaissait déjà.

Le pyjama qu'elle m'avait emprunté était toujours sur la commode, face au lit.

Avant de refermer la porte, je lui ai souri et dit d'un ton doux et réconfortant :
« Demain est un autre jour. Tu peux rester ici aussi longtemps que tu le voudras ».

— Et tu penses que c'est définitif cette fois ?

Avant de répondre, je hausse les épaules et jette un coup d'œil aux clients qui dégustent leur petit-déjeuner sur la terrasse de « Chez Sally », à l'ombre d'un parasol.

— Ça fait déjà quatre jours qu'elle se tait et qu'elle est enfermée dans sa chambre. Nous nous voyons presque plus.

— Selon moi, il est grand temps de lui secouer le cocotier. Elle ne peut pas faire sa « BridgetJones » pour toujours.

Isaure a raison.

Quelques semaines après ma séparation avec Sam, je n'étais plus que l'ombre de moi-même.

Malgré des efforts surhumains, je parvenais à maintenir une certaine façade devant mes clients, mais une fois seul, je m'effondrais chez moi.

Ma meilleure amie est arrivée un matin sans crier gare.