Assis sur un muret du parc jouxtant ma fac, je mordis à pleines dents dans un sandwich au bœuf mariné. Sous un soleil chaud de début de printemps, mon moment de détente avec mes amis fut interrompu par un alpha qui mit genoux à terre devant moi.
— Ariel, sors avec moi !
Je haussai un sourcil, mi-amusé, mi-soûlé et me tournai vers mes comparses.
— Que voilà une déclaration enflammée qui me fait fondre...
Mon meilleur ami le lorgna avec dédain de ses yeux gris puis soupira.
— Mec, relève-toi, tu fais pitié, répliqua-t-il. Il ne sait même pas qui tu es !
La pique lancée par un oméga dominant se révéla rude pour l'alpha qui se redressa. Lorsque mon regard croisa le sien, ma suffisance l'emporta sur sa gêne. Il fit demi-tour et s'éloigna à grands pas tandis que mes camarades riaient.
— Ça t'en fait combien depuis le début de la semaine ? m'interrogea Line, perchée sur des plateformes fuchsia plus grandes que nos avenirs à tous les trois.
Elle lança ses longs cheveux roses dans son dos et vérifia son maquillage dans un miroir de poche qui ne quittait jamais son sac pendant que je réfléchissais.
— Hum, au moins quatre.
— Ils sont tous en rut ou quoi ? C'est le printemps qui leur fait cet effet ? Ces alpha... de vrais animaux..., commenta-t-elle d'un ton hautain marqué d'un soulèvement de sourcils.
Nous rîmes pendant que je jetai un regard à l'alpha retourné auprès de ses comparses. Vu la tête de trois pieds de long qu'il tirait, j'allais certainement finir dans sa liste d'oméga sur lesquels il ne poserait plus les yeux. Il roula des mécaniques devant ses camarades, mais sa tentative fut vaine. Ils se moquèrent avec assez de véhémence pour que certaines phrases nous parviennent.
— En tout cas, ce n'est pas avec de telles démonstrations que je craquerai, marmonnai-je. Non, mais vous avez vu ça ? On a touché le fond, je crois...
— Tu m'étonnes... Je ne comprends pas comment ils peuvent penser que ça va fonctionner..., s'indigna mon amie en éclatant férocement une bulle de chewing-gum. J'veux dire, tu le connais pas ce mec ? Si ?
— Je l'ai croisé dans les couloirs de la fac, ricanai-je.
— Comme si leur présence devait suffire à nous décider, ajouta Erwann. Ils sont tous tellement superficiels. Ce n'est pas parce que leurs critères de choix se résument la beauté qu'on doit faire de même. Heureusement que j'ai trouvé Basile, je ne sais pas comment vous faites...
— Ça existe plus les alpha dignes, Erwann, expliqua Line, amère. À notre époque, où tout ce qui joue c'est la tronche qu'on a, la dignité n'entre plus en compte. Je connais beaucoup d'alpha qui touchent les « 100 K » de followers sur Insta, mais niveau dignité, on est plus proche du zéro...
— Dit-elle alors qu'elle met tous les jours deux heures à se préparer, se moqua Erwann.
— Hey, une splendeur comme la mienne, ça s'entretient ! Je suis peut-être qu'une récessive, mais j'ai le physique d'une dominante. Je serais stupide de ne pas en jouer.
— Elle n'a pas tort, ricanai-je.
— C'est pareil pour toi, bichon, m'apostropha-t-elle. Ils font tous la queue pour tes jolies petites fesses. Si t'y mettais un peu plus du tien, niveau amabilité globale, tu serais le roi de cette fac.
Je me marrai à son explication et Erwann haussa les épaules, pas convaincu, mais n'argumenta pas. Le temps que j'engloutisse mon repas, nous débattîmes sur les alpha et leur prétendue période de rut estivale, puis il fallut retourner en cours, loin du soleil et de la brise agréable.
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Bound [MxM - α/Ω] [Terminé]
RomanceLa vie d'Ariel est paisible. Ses parents le pressent à se dégoter l'alpha du siècle, mais tant qu'il regarde régulièrement les dossiers qui lui sont présentés, il est plutôt peinard. Employé dans un club oméga, le récessif n'a qu'un rêve ; devenir d...