28 - Besoin d'aide [Partie 2]

1.2K 163 52
                                    

 Je repris conscience dans une pièce où la lumière se dévoila si forte qu'elle me causa une douleur incroyable aux rétines. Je gémis et une main se plaqua sur mes paupières closes.

— Reste tranquille. Je t'ai mis dans un bain frais pour faire baisser ta fièvre. Comment tu te sens ?

La voix de Sohan, douce comme du miel, réchauffa mon cœur. Pourtant, formuler une réponse sensée se révéla impossible. De lourdes larmes roulèrent sur mes joues et je me lamentai, en proie à de violentes crampes. Je me recroquevillai sur moi-même en basculant sur le côté et l'eau froide autour de moi piqua la peau de mon visage.

— Pardon, balbutiai-je entre mes pleurs. Je suis désolé, Sohan. Je suis désolé. Pardon. Pardon pour tout.

— Calme-toi, me préconisa-t-il. Il faut que tu te détendes, mets-toi sur le dos.

Joignant le geste à la parole, il m'allongea. J'ouvris péniblement les paupières et me découvris en jogging dans ma baignoire à moitié remplie. À côté, Sohan tenait une de mes boîtes de gélules dans sa main. Son visage était dissimulé derrière un masque en tissu qui filtrait les phéromones. Il me jeta un coup d'œil et son air s'assombrit un instant sous un foncement de sourcil.

— Tu en as pris combien ?

Il mit le contenant devant moi, comme si j'avais besoin de savoir de quoi il parlait.

— Trop ? tentai-je de plaisanter avant de gémir de douleur.

— Ce n'est pas drôle, Ariel, me sermonna-t-il. Est-ce que tu comprends ce qu'il se passe ? Tu connais les overdoses de suppresseurs liquides ?

Je me sentais si mal. Et sa présence, loin de m'apaiser, me rendait fiévreux, presque à l'agonie.

— Oui, soupirai-je. Mais ce sont des gélules, pas des produits purs...

— Si tu vides deux boîtes en quelques jours, je ne vois pas bien la différence ! grogna-t-il. J'en ai trouvé six, rien qu'en fouillant un peu !

— Ah oui ? Alors, je suis supposé faire comment ? Monsieur le génie ! éclatai-je d'une colère culpabilisante qui baigna de nouveau mon visage de larmes. C'est toi qui vas payer quelqu'un une semaine par mois pour prendre soin de mes enfants quand Erwann ne peut pas être là ? Arrête de me juger ! Je fais au mieux ! Tout seul ! Et parfois, je merde...

Je baissai la tête, le cœur en miettes.

— Je sais que je suis responsable de tout ce qui vous rend malheureux. J'ai conscience du mal que je t'ai fait et que je te fais encore. Tu peux retourner dans la chambre... Je suis réveillé, je devrais m'en sortir. Ne t'oblige pas à me côtoyer plus que nécessaire, c'est inutile et douloureux.

Je me sentais minable. Encore une fois, je lui prouvais mon incompétence. Il devait tellement regretter d'avoir des enfants avec moi, avec ce que j'étais devenu. Une loque à peine capable de survivre, qui se complaisait dans un malheur qu'elle avait elle-même causé.

Soudain, un frisson me traversa, faisant trembler mon corps, et ma fièvre empira. Je haletai, tentant de me redresser pour sortir de la baignoire, mais Sohan saisit mes épaules et me força à rester assis.

— Qu'est-ce que tu fais ? me demanda-t-il avant de me repousser.

Je glissai dans l'eau, mais me relevai assez vite. Ce n'était pourtant rien à côté de lui, qui se trouvait debout à l'autre bout de la pièce, la main sur son masque et les yeux exorbités.

— Stoppe tes phéromones ! m'ordonna-t-il.

Je m'agrippai au rebord de la baignoire, incapable de réfléchir et d'agir en même temps. Que voulait-il, déjà ? Il venait de me demander quelque chose ? Malgré moi, son odeur s'infiltra dans mes narines et je perdis peu à peu le contrôle de mes pensées.

Bound [MxM - α/Ω] [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant