17 - Retour en ville

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 Lorsqu'il toqua enfin à la porte, je me surpris, le regard dans le vide, perdu dans mes pensées depuis trop longtemps. J'allais lui ouvrir, puis nous débutâmes la confection de quelques sacs afin que je m'active. Sans grande discussion, je me contentai de lister les indispensables, Erwann me reprenant souvent sur le fait qu'il en possédait déjà, comme des serviettes de toilette. Je ris, amer.

— Nan, Jacob a sa serviette. S'il ne l'a pas, il va nous faire tout un pataquès pour se laver. Je ne pense pas qu'on ait la force mentale pour survivre à ça. Moi je ne l'ai pas, en tout cas. Il leur faut aussi des jouets, des livres... Il ne faut pas que j'oublie les histoires du soir... Tu peux noter, s'il te plaît ?

Affairés, nous ne levâmes la tête des sacs qu'une belle heure plus tard. Nous prîmes une pause bien méritée dans la cuisine. Je pris place à côté de lui, sur les tabourets hauts de l'îlot, et nous bûmes une gorgée de café.

— Donc, débuta Erwann, il est venu. Qu'est-ce qui s'est passé ?

— Rien. J'ai ouvert la porte, je l'ai vu et j'ai fermé. Je lui ai hurlé de s'en aller, il m'a glissé sa carte et m'a obéi.

— Ouah..., souffla-t-il.

— Quoi ?

Mon meilleur ami releva les yeux vers moi et me fixa, embêté.

— Tu entends ce que tu dis ? Il est venu, tu l'as viré et il est parti ? Tu imagines dans quel état il doit être, là ? Je n'arrive même pas à croire qu'il n'ait pas défoncé la porte.

Mon cœur se serra, je n'y avais pas pensé.

— J'ai eu peur, me justifiai-je.

— Je sais, je ne la minimise pas. Je suis seulement étonné par sa capacité à se fier à ce que tu veux.

Je pinçai les lèvres, sans savoir quoi répondre d'intelligent.

À six heures trente, j'allais réveiller les garçons. Je finis les sacs tandis que « super tonton » s'occupait des petits déjeuners et du débarbouillage du matin. En entendant que nous allions passer une semaine chez Erwann, les petits devinrent fous. Ils hurlèrent de joie, sautèrent partout si bien que je dus hausser le ton pour les forcer à se contenir. À huit heures, nous prenions la route.

Quitter le village me rendit un peu triste, mais malgré l'angoisse de retourner dans ma ville natale, une impatience se tapissait au fond de mon ventre. Sur la route, je reconnus vite le chemin. En cinq ans beaucoup de choses avaient changé, mais l'ensemble restait similaire à mes souvenirs.

À dix heures trente, la voiture était vidée et je rangeai les affaires des garçons dans la commode de leur chambre. Je pus enfin visiter l'immense appartement de mon meilleur ami, au dernier étage d'un petit immeuble, dans une résidence huppée du centre-ville. La décoration, sobre et moderne, lui convenait à merveille.

Alors que j'examinai le salon, mon téléphone sonna. Le numéro inconnu me fit douter, mais je décrochai tout de même.

— Monsieur Selvik ? C'est Monsieur Walsh !

— Oh ? Bonjour ?

— Est-ce que tout va bien ? Les garçons ne sont pas à l'école, aujourd'hui.

J'ouvris la bouche puis inspirai bruyamment.

— Mince ! J'ai oublié le mail ! Je suis vraiment désolé ! Tout va bien, j'ai seulement dû partir en déplacement pour une semaine. Je n'avais personne pour les garder, je les ai donc pris avec moi.

— Vous serez absents jusqu'à vendredi inclus ? me demanda-t-il d'une voix morne.

— C'est ça..., répliquai-je, mal à l'aise.

Bound [MxM - α/Ω] [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant