Bound [MxM - α/Ω] [Terminé]

3 - L'alpha inconnu

 En ouvrant les yeux, je reconnus la chambre d'amis d'Erwann. La première sensation qui me parvint fut la douleur qui comprimait mon corps. Mes muscles endoloris me tiraient à chaque mouvement. La seconde fut un mal de crâne si puissant qu'il me força à me rendormir. J'avais l'impression que ma tête allait exploser.

En me redressant dans le lit, je me demandais comment j'avais atterri ici. Je ne me souvenais de rien. J'avais été au travail et puis... Mon genou me tira lui aussi, mais moins que le reste de mon corps. Je me levai avec difficulté et me dirigeai vers la porte qui donnait accès au salon. En y entrant, je ne vis personne, la maison devait être vide. J'en fis rapidement le tour pour m'apercevoir que j'étais bien seul. De retour dans la cuisine, un petit mot m'attendait. « Je rentre à 16 h, on parlera à ce moment-là. J'ai dit à ta mère que tu avais passé la nuit ici après ton « cours », ne me grille pas. Tu es dispensé de cours aujourd'hui, ne sors pas de la maison ! »

Il avait même mis un point à sa note... J'allais me faire engueuler, non ? Je me grattai le haut du crâne, incapable de me souvenir de la raison de ma présence chez lui. À côté du mot, il y avait un sac contenant de la crème et des antidouleurs en plus d'un autre post-it. « Crème genou 3x/jour, cachet 2x/jour. » Il ne s'embarrassait même pas de phrases entières.

Je saisis le tube et m'en appliquai pendant que mon café coulait. Je remarquai alors que j'avais été changé. Je portais l'un des pyjamas d'Erwann... À force de réfléchir, je finis par me dire qu'il s'était passé quelque chose au travail. C'était la seule réponse logique. Mais je ne me souvenais de rien. À part les courbatures, je ne semblais pas blessé. Il s'était pourtant passé quelque chose...

Soudain, je revis ma chute causée par Nathan, je me souvins de la honte, de la douleur... Est-ce que, dans un accès de colère, j'avais tué cet enfoiré ? Ça expliquerait mon oubli de la veille : amnésie traumatique. Mon changement de vêtements : trop de preuves dessus, et ma fatigue : ça crève d'assassiner un oméga dominant ! J'avais dû y mettre du cœur !

Je ris, un peu amer, puis filai sous la douche en essayant de penser à autre chose. Si Erwann était en colère, je devais avoir dépassé les bornes, et de loin. Soucieux, je me décrassai, piquai des habits à Erwann, puis en voulant mettre son pyjama à laver, je trouvai mes vêtements, secs dans le sèche-linge. Je les emballai dans un sac, lançai une machine, bref, je tentai de passer le temps en attendant que le couperet tombe.

Je tins ma mère au courant que je ne rentrerai peut-être pas ce soir et elle me répondit qu'elle le savait puisque Line était allée récupérer le dossier de Matthew. Elle se montra ravie que je puisse le lire avec eux et elle m'encouragea à écouter l'avis de mes amis, certainement parce qu'elle pensait qu'ils se placeraient de son côté plutôt que du mien...

Je mis un terme à cette conversation en quelques phrases et allumai la télé, pas du tout motivé à l'idée de m'occuper autrement.

À seize heures passées de vingt minutes, la porte d'entrée s'ouvrit et je fonçai vers elle en clopinant, comme un chien accueille ses maîtres après une journée d'absence. Pourtant, ma bonne humeur fut balayée par le regard noir que me lança mon meilleur ami. Je les laissai arriver en saluant Basile qui s'éclipsa bien vite, puis Erwann m'invita à le suivre au salon.

Il me fit asseoir sur le canapé et vint à côté de moi alors que Basile nous apportait deux bières.

— Y a un problème ? demandai-je afin de briser le silence.

Il prit une gorgée dans sa bouteille et m'incita à l'imiter. Je m'exécutai, mal à l'aise puis la reposai sur la table.

— Bon, dit-il alors que Basile s'installait sur un fauteuil, non loin. Il va falloir que je t'apprenne quelque chose de pas simple donc... promets-moi de m'écouter jusqu'à la fin sans t'énerver. Tu veux bien faire ça pour moi ?