16 -Et le monde s'effondra de nouveau

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 Il me tendit un digestif et nous trinquâmes, le bruit des vagues comme fond sonore.

— Aah, soupira-t-il. C'est tellement paisible...

il ferma les yeux et je le laissai profiter du calme que je ne connaissais que trop bien.

— Oui. Moins animé qu'en ville, mais on s'y habitue. La campagne a ses charmes.

— La ville ne te manque pas ?

Je bus à mon tour, cherchant comment formuler une phrase qui n'aurait pas l'air pitoyable... mais ma réflexion fut vaine.

— Si. Ma vie citadine me manque, l'insouciante qui y était liée me manque. Le club me manque. Tout me manque, mais pour les garçons, c'est plus sécuritaire d'être ici.

Je pinçai les lèvres, le cœur serré avant de rire. Si je devais être honnête, Sohan me manquait aussi. La première année, j'avais souvent rêvé qu'il me retrouve et m'enlève de cette maison qui me débectait, à l'époque. Les années passant, elle était devenue mon foyer, là où mes fils avaient réussi leurs premiers pas, prononcer leurs premiers mots... Tous ces souvenirs chers à mon cœur m'avaient fait m'attacher à cette bâtisse que je haïssais et j'avais appris à ne plus espérer voir l'alpha.

— Et ton boulot ?

— Il reste cool, même si c'est pas celui de mes rêves. Au moins, il me permet de payer mes factures et de mettre mes enfants à l'abri.

Après avoir pris un second digestif, nous nous couchâmes. Tous les deux dans mon lit, nous discutâmes encore un long moment avant de nous endormir.

Le lendemain, ce fut le branle-bas de combat afin que tout le monde soit prêt en temps et en heure. Nous fûmes cependant dans la voiture pile à l'heure. Je déposai les garçons à l'école, puis en repartant, je croisai le directeur. Il finissait une conversation avec des parents et le temps que j'arrive, il s'était tourné vers moi.

— Monsieur Selvik, me salua-t-il dans son costume noir impeccable.

— Monsieur Walsh.

Proche de la quarantaine, il ressemblait à l'idée qu'on se faisait d'un responsable dynamique ; il était charmant, propre sur lui, possédait une diction et une articulation qui frôlaient la perfection et il était, bien sûr, un alpha dominant. Ça me semblait fou, comme, où qu'on soit, les alpha étaient similaires. Ils avaient tous ce petit côté prétentieux qui me débectait. Il me serra la main et j'écourtai la salutation physique.

— J'ai appris que Joshua avait commencé le violon. C'est impressionnant !

Il sourit, plissant d'amusement ses yeux aussi noirs que ses cheveux et je m'écartai d'un pas, mal à l'aise.

— Bruyant surtout, si vous voulez mon avis, ricanai-je.

— Vous savez, continua-t-il d'un ton joyeux, j'ai vraiment apprécié votre intervention à la dernière réunion des parents d'élèves. Votre idée était très intéressante. Est-ce que vous seriez libre, un de ces soirs, afin que nous puissions en débattre ?

Je me montrai poli, relevant les coins de ma bouche dans une expression qui feindrait à merveille un enthousiasme réel.

— Être père célibataire me laisse peu de moments. Généralement, je les utilise pour me reposer, pas pour revoir le programme des excursions scolaires de l'année, dis-je avec une pointe d'humour pour ne pas paraître trop cassant. Cependant, je peux vous envoyer un mail avec quelques adresses qui seront à moins de deux heures de route de l'école. Je suis désolé, un ami m'attend...

— Pardon, s'excusa-t-il en me désignant la sortie de la main. Je ne voulais pas vous retenir. Je vous transmettrai mon mail dans ce cas. Au plaisir, monsieur Selvik.

Bound [MxM - α/Ω] [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant