Bound [MxM - α/Ω] [Terminé]

23 - Ce qui nous appartient

 Plus tard, tout seul dans mon salon, je trouvais le temps long. Malgré moi, je ne cessais de penser à Ariel. Peut-être que ce soir, il allait rencontrer quelqu'un et...

Je soufflai, amer. Si je m'écoutais, j'irais le chercher et je lui passerais un savon pour oser s'amuser alors que je me terrais chez moi comme un pestiféré. Mais ce n'était pas de sa faute, nous gérions ce problème de façon différente, bien qu'au fond, si j'avais pu fuir le soir où il m'avait tout avoué, je l'aurais fait. C'est pour ça que je m'étais précipité chez mes parents, pour m'empêcher de me carapater.

J'éteignis la télévision et la pièce perdit sa seule source de luminosité. À travers les moustiquaires, j'observai la forêt qui vivait sans se soucier de moi. Mon téléphone sonna, hurlant une série de bips erratiques et je sursautai, surpris. Je décrochai et un brouhaha me parvint en premier.

— Mec, viens le chercher, réussis-je à capter à travers le bruit.

— Kyle, je t'entends super mal. Je ne vais pas venir. Ariel est un grand garçon, s'il a décidé de s'amuser, il en a le droit.

Je l'entendis râler puis soupirer. Il sembla s'éloigner, car la cacophonie derrière lui s'amenuit.

— Sohan, c'est bon, là. La situation est chiante pour tout le monde et vous êtes tous les deux malheureux. Je comprends que t'aies la haine, mais bordel, pense à tes gosses ! T'attends quoi pour aller les voir, hein ? Franchement, j'te reconnais plus. C'est ton putain d'oméga qui est sous aphrodisiaque là ! Fais quelque chose, merde !

Je pinçai les lèvres devant sa colère et les informations qu'il me délivrait.

— Kyle, ce n'est...

— Je te jure que si tu dis que c'est pas ton oméga, je me charge moi-même de lui trouver un alpha avec lequel repartir, grogna-t-il en me coupant la parole. J'en ai marre. Vous me soûlez ! Ça fait cinq ans que tu ne jures que par lui et là, tu refuses de le voir alors qu'il est venu de lui-même ? Et lui qui n'ose pas te recontacter, de peur que tu refuses de connaître tes jumeaux. Franchement, vous avez l'air de deux gamins ! Vous vous targuez d'être des adultes responsables et à la première contrariété, vous fuyez au lieu d'essayer d'affronter les problèmes ensemble ! C'est ça votre conception du couple ? Vous faire la gueule pendant des mois ? Et ça va vous avancer à quoi, hein ? Vous allez perdre encore plus de temps et nous obliger, nous tous, à choisir entre vous deux ! C'est insupportable. Je suis pas devenu adulte pour vivre ce que je vivais déjà au collège. Viens chercher ton oméga et agis ! Tu te morfonds depuis trop longtemps. Bouge-toi le cul !

Il raccrocha et je soupirai en réponse. Il avait raison. Totalement raison. Je perdais du temps, c'était futile et stupide, en plus de me couper davantage de mes enfants.

Je me levai et passai en hâte sous la douche. Après m'être changé en conséquence, je pris la route du club. Le chemin ne fut pas si long, mais mon angoisse s'amusa à étirer le temps. J'avais beau conduire, les kilomètres n'avançaient pas. Quand je me garai enfin, mon cœur tentait d'exploser ma cage thoracique. J'appelai Kyle en même temps que je me dirigeais vers l'entrée. Je le prévins de mon arrivée et l'attendis. Il sortit de l'établissement et me tendit le verre qu'il avait en main.

— Bois, m'ordonna-t-il.

— Non merci, je conduis.

Il roula des yeux et bus à ma place.

— Viens.

Je le suivis dans le club, me concentrant pour être certain de continuer à respirer. J'avais beau jouer l'alpha sans émotion, j'avais l'impression de crever tellement j'avais peur. Nous traversâmes le club pour nous rendre au sous-sol, dans la partie boîte de nuit. Nous retrouvâmes le petit groupe assez vite, excepté Ariel.