En me réveillant le lendemain, je me redressai dans le lit en bâillant. La nuit n'avait pas été très reposante, malgré le demi-coma dans lequel j'avais sombré, d'ailleurs, le soleil n'était pas encore levé. Le ciel s'éclaircissait à peine.
J'avais mal au visage, au poignet, je me sentais ronchon. Bref, j'étais de mauvais poil. Je jetai un regard à Sohan, dormant paisiblement sur le dos, puis marmonnai. Ce gars... Il était quand même bien... J'embrassai sa joue avec délicatesse puis glissai une main dans mes cheveux, en reprenant conscience de ma situation actuelle.
Le plus urgent était de m'occuper du club et donc de Markus. Je n'avais pas de temps à perdre en câlin. Je me levai le plus discrètement possible, filai à la douche et empruntai un t-shirt à Sohan avant de quitter sa maison.
Je pris le bus jusqu'au centre-ville. Le regard des autrs passagers, rivé sur mes blessures, me força à rabattre ma capuche sur ma tête. En m'extirpant des transport en commun, je trottinai sur les quelques centaines de mètres qui me séparaient du club. Je m'engouffrai dans l'établissement par l'entrée des artistes, presque toujours ouverte. Je m'y faufilai comme un voleur et me dirigeai d'un pas décidé vers le bureau de Markus, devant lequel je croisai Nathan.
Il se stoppa et me scruta de haut en bas, tandis que je faisais de même. J'avais beau ne pas l'aimer, je ne pouvais pas nier qu'il travaillait. Ses entraînements étaient réguliers et complexes, au dire de ses sbires. Il me nargua avec l'air de s'amuser de mes blessures, ou du moins, de se demander comment j'avais fait mon coup. Il me lança tout de même une œillade écœurée que j'acceptai : c'était mieux que de la moquerie.
— Eh bien, quelle allure... À force de marquer ton corps, tu n'arriveras jamais à te produire pour un client. Que veux-tu, parfois le destin est bon juge.
Cette fois il ne rit pas, il n'en avait pas besoin. Nous nous jaugeâmes un instant et il posa le bout de ses doigts glacés sur ma joue, les sourcils froncés.
— Alpha ? se renseigna-t-il.
Je hochai la tête, les lèvres pincées. Sa main glissa jusqu'à ma nuque qu'il palpa avec délicatesse.
— Les alpha sont des animaux. Apprends à t'en prémunir si tu ne sais pas les tenir à distance. Bye, vilain petit poisson.
Il s'éloigna, sans plus me donner d'attention, et je détournai le regard, perturbé. Lorsqu'il agissait comme ça, j'avais du mal à lui tenir rigueur des affronts qu'il me faisait régulièrement. Il suffisait pourtant qu'il cesse de me fixer pour que je me souvienne de tout. Les dominants, tous autant qu'ils étaient, demeuraient terrifiants.
Il n'avait pas eu tort dans ses propos, moi aussi je commençais à me demander si le destin n'avait pas décidé de me court-circuiter. J'entrai dans le bureau de Markus sans frapper et il releva la tête des nombreux papiers qui jonchaient son bureau.
— Que fais-tu là ? Ton service débute dans...
Il regarda sa montre puis moi alors que de lourdes larmes striaient mon visage.
— Mes parents savent, articulai-je avec difficulté en croisant ses iris foncés. Ils m'ont interdit de revenir ici et... hier soir, avec mon père... ça s'est mal passé.
Je le scrutai, inquiet. Il m'enjoignit à m'asseoir sur le fauteuil des invités. J'obéis, un peu gauche dans mes mouvements et attrapai un mouchoir du paquet qu'il me tendait.
— Raconte-moi.
Je pris le temps de tout lui expliquer, y compris ce qui concernait Sohan, afin qu'il ait une vision d'ensemble des faits ainsi que de mes ressentis. J'avais besoin d'un avis extérieur à mes sentiments, quelqu'un de droit et d'honnête, qui savait se montrer franc lorsqu'il le fallait. Erwann aurait été parfait, mais Markus demeurait bien plus détaché de la situation que mon meilleur ami. Après ce long monologue, il hocha la tête, considérant mes propos.
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Bound [MxM - α/Ω] [Terminé]
RomanceLa vie d'Ariel est paisible. Ses parents le pressent à se dégoter l'alpha du siècle, mais tant qu'il regarde régulièrement les dossiers qui lui sont présentés, il est plutôt peinard. Employé dans un club oméga, le récessif n'a qu'un rêve ; devenir d...