Une semaine plus tard.
Dans la voiture de Sohan, mon pied tapait une rythmique macabre contre le tapis de l'habitacle. Depuis bientôt deux heures, nous roulions sous le soleil de mi-juillet, les jumeaux à l'arrière.
J'attrapai ma gourde et avalai de lourdes goulées d'eau fraîche. J'avais la gorge sèche, non à cause de la chaleur, mais du stress. Dans moins de vingt minutes, nous arriverions chez les parents de Sohan où j'aurais la grande joie de revoir ses pères, sa sœur et ses maris, son neveu, et qui sais-je encore...
Même si les tensions s'apaisaient avec Sohan, je n'avais pas croisé sa famille depuis ma fuite et cette perspective me terrifiait. Enfin, si je devais être honnête, c'était surtout le fait de me retrouver devant eux, m'excusant platement qui m'affolait. Comment allai-je pouvoir me tenir droit, leur parler et oser leur demander pardon ? Je n'étais pas certain de posséder ce genre de force ou de droit.
La main de Sohan enserra la mienne un instant.
— Tout va bien se passer, je te le promets. Nous allons chez mes parents pour que ma famille puisse rencontrer nos enfants. Tu verras, tout ira bien.
Il caressa mes cheveux et je reportai mon attention sur la route sans répondre. Je savais qu'ils ne me voulaient pas de mal, cependant, les affronter se révélait difficile.
Lorsque nous quittâmes l'autoroute pour nous rapprocher de la ville, mon cœur se serra davantage. Peut-être fallait-il régler ça comme on arrache un pansement ? D'un coup sec ! Je jetai un coup d'œil aux jumeaux à l'arrière. Eux avaient l'air en forme ; ils jouaient avec de petites figurines, et je ne doutais pas que le temps s'écoulait plus vite pour eux que pour moi.
En arrivant dans le quartier où nous avions tous les deux grandi, je me rembrunis. Quelques secondes plus tard, nous passâmes devant la maison de mes parents. Je remarquai un jardin en friche, une allée sale, et pendue à la fenêtre de leur chambre, leur couette se soulevait parfois à cause de la brise.
Je détournai le regard et Sohan attrapa ma main. Il me scruta un instant, cherchant certainement de la tristesse ou toute autre réaction, mais je me tournai vers mes enfants.
— Les garçons, on arrive, il faudrait ranger vos jouets.
Lorsque nous nous garâmes sur le parking qui devançait la somptueuse maison de ses parents, j'eus du mal à sortir de la voiture. Je n'avais aucune envie d'être ici pour imiter le gendre parfait. J'aurais préféré que tout ça se passe chez moi, sur mon territoire. Là où j'aurais été maître de la situation.
La portière s'ouvrit et les trois hommes de ma vie se plantèrent devant moi. Jacob s'approcha, soucieux.
— Tu es malade, papa ?
Sa petite frimousse inquiète fit fondre mon cœur de glace et je le pris dans mes bras, toujours assis dans l'auto. Joshua avança à son tour. J'en profitai pour leur rappeler encore une fois les règles.
— J'aimerais que tout se passe bien aujourd'hui, alors... pas de caprice, pas de hurlement déchaîné et si je vous demande quelque chose, vous le faîte. Sinon vous serez punis quand nous rentrerons. C'est clair pour vous ?
Ils hochèrent la tête et j'embrassai leurs joues pour me donner du courage. Je m'extirpai enfin de la voiture et nous marchâmes vers la porte. Nous n'eûmes pourtant pas le loisir d'y arriver dans le calme, puisqu'elle s'ouvrit sur Maud.
Elle en dépassa le seuil, entrant dans les rayons du soleil, juchée sur de hauts talons d'un noir brillant. Sa lourde chevelure rouge, retombant en boucles épaisses sur ses épaules, attira tout de suite mon regard et je m'immobilisai, les doigts agrippés à ceux de mes fils. Je serrai les mâchoires alors qu'elle se dirigeait droit vers moi et quand elle m'atteignit, elle se jeta presque à mon cou.
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Bound [MxM - α/Ω] [Terminé]
RomanceLa vie d'Ariel est paisible. Ses parents le pressent à se dégoter l'alpha du siècle, mais tant qu'il regarde régulièrement les dossiers qui lui sont présentés, il est plutôt peinard. Employé dans un club oméga, le récessif n'a qu'un rêve ; devenir d...