Jusqu'à la fin de la semaine, je dépéris. Ma vie n'avait plus aucune saveur et plus le temps passait plus il s'allongeait, comme pour me faire payer mon erreur. Je me sentais bête et inutile.
Mes parents me rabâchaient que « quitte à perdre mon temps, je pouvais bien jeter un œil à ce dossier ». J'étais donc dans ma chambre, assis sur mon lit, ce satané amas d'informations dont je me fichais, fermé devant moi.
Je soulevai la couverture, décorée de la photo de mon « prétendant », et me penchai sur la première page. Il était plus vieux que moi de trois ans, déjà employé dans une entreprise renommée et ramenait un salaire confortable. Joueur de basket à l'occasion, adepte des sports aquatiques... Un vrai alpha comme on aimait les élever : propres sur eux, riches, puissants. Des êtres méprisables. Je soupirai et repris ma lecture par ses bulletins scolaires. Bon élève, investi, attentif, intelligent, meneur... ses professeurs ne tarissaient pas d'éloges.
Je sautai les derniers bulletins et passai aux annexes, diplômes, certificats... La paperasse ennuyante, en somme. Je passai aussi. Je pris plaisir à regarder des photos de lui enfant, il avait une tête ridicule à l'époque. Revenant sur la couverture, je fis le comparatif entre les deux. Oui, c'était assurément un bel alpha. La mâchoire carrée, les épaules larges... Il était très sympa à admirer, il ressemblait presque à un demi-dominant. Il devait avoir du succès avec ses yeux clairs...
Je rouvris le dossier et rangeai le cliché. Il ne me plaisait pas. Oui, il était à mon goût, mais... La beauté ne faisait pas tout, elle ne faisait même rien du tout. Et tous ceux qui me contactaient de cette façon, en s'enrobant de jolis livrets bien préparés, je les rejetais d'emblée. Je fis défiler le reste des pages sans vraiment les lire, puis tout à la fin, griffonné sur l'envers de la couverture, il y avait un mot :
« Salut Ariel,
Je n'aime pas trop ce principe de dossier, alors, si tu veux court-circuiter nos parents, voilà mon numéro ! »Un sourire naquit sur mon visage. Ça, j'aimais bien ! J'enregistrai le numéro dans mon portable et me levai de mon lit. Je filai à la douche puis m'apprêtai avec soin avant de dire à mes parents que je sortais.
En quelques minutes j'étais assis sur ma moto, au téléphone avec Erwann.
— Ouais, je passe faire des courses, du coup, d'ici trente minutes ? J'achète quoi ?
— Hmm, prends de l'alcool, me répondit-il. J'appelle Line, fais gaffe sur la route.
— Promis !
Je raccrochai et mis mon casque. Je m'arrêtai au supermarché afin de nous recharger en boissons et une demi-heure plus tard, je sonnais chez mon meilleur ami. Basile m'ouvrit et s'empara des sacs que j'avais en main. J'ôtais mon équipement de moto, bien heureux de pouvoir à nouveau respirer, et j'allais m'affaler sur son canapé moelleux.
— Rude semaine, devina Basile.
— J'en peux plus ! J'ai dû inventer un mensonge à mes parents pour qu'ils ne me demandent pas pourquoi je n'allais pas en cours du soir. Mais à côté de ça, j'étais coincé chez moi, comme un pestiféré !
— Tu en fais des tonnes, se moqua Erwann en s'asseyant à côté de son amoureux. Personnellement, je pense que ça te fait du bien cette petite pause loin de Nathan. Vous en avez tous les deux besoin, sinon, vous alliez vous écharper.
— Je l'aurais éclaté !
— C'est évident.
Nous rîmes, puis passâmes à autre chose. Line débarqua un peu plus tard avec encore plus d'alcool. Les verres s'enchaînèrent jusqu'à ce que notre amie ne tienne plus debout qu'en s'accrochant à mon épaule. Ce fut à ce moment précis que mon cerveau se ralluma.
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Bound [MxM - α/Ω] [Terminé]
RomanceLa vie d'Ariel est paisible. Ses parents le pressent à se dégoter l'alpha du siècle, mais tant qu'il regarde régulièrement les dossiers qui lui sont présentés, il est plutôt peinard. Employé dans un club oméga, le récessif n'a qu'un rêve ; devenir d...