Un mois plus tôt
Lorsque ma porte d'entrée se referma derrière lui, je respirai à nouveau. Durant de longues secondes, mon cerveau resta vide de toute pensée et mes yeux fixaient un point invisible. Des jumeaux. Des enfants, deux enfants. Des petits garçons... Je les avais trouvés si mignons sur la photo...
— Bordel..., râlai-je.
Je jetai un coup d'œil à mon portable, il n'était pas si tard... Je pouvais peut-être me permettre de... Décidé, je pris une veste dans l'entrée et sortis de l'appartement. Je rejoignis le parking et montai dans ma voiture pour conduire jusque chez mes parents.
Même à vingt-six ans, dès que le moindre problème un peu trop imposant s'immisçait dans ma vie, je fonçais voir ma famille. Sur le trajet, j'appelai Maud.
— Salut frérooot ! Quoi de neuf ?
Sa voix chantante ne réveilla pas l'ombre d'un sourire sur mon visage.
— Tu peux venir chez les parents, s'il te plaît ?
— Maintenant ? Il est tard..., ronchonna-t-elle.
— S'il te plaît Maud. J'ai besoin de ma grande sœur. J'ai appris quelque chose... ça vous concerne aussi... S'il te plaît... Juste... Viens...
— OK, je me mets en route.
Elle raccrocha et je sentis des larmes ruisseler sur mes joues. Au premier feu rouge, j'inspirai et expirai lentement plusieurs fois afin de reprendre le contrôle. Mon cœur battait si vite que j'avais du mal à respirer. Toute cette histoire me semblait irréelle.
Chaque seconde écoulée me demandait de me dominer pour ne pas appeler Ariel et lui hurler dessus. J'étais tellement en colère, tellement blessé que je ne savais même pas si crier me soulagerait. Comment avait-il pu me faire ça ?
J'arrivais chez mes parents sans parvenir à mettre de l'ordre dans mes idées. Une fois la voiture garée, je mis du temps à en sortir et ne me décidai que lorsque Maud débarqua à son tour. Elle ouvrit ma portière avec un grand sourire qui se fana dans l'instant. C'était trop pour moi. Beaucoup trop. Comment pourrais-je même assumer deux marmots dont je ne connaissais rien ?
— Sohan, viens. On va à la maison, ne reste pas là, me dit-elle en forçant sur mon bras, les traits tirés par l'inquiétude.
Je sortis de l'auto et l'enlaçai, laissant ma peine s'extérioriser. J'avais le cœur et l'esprit en miettes. Je ne comprenais pas comment il avait pu me cacher nos enfants et en même temps, j'étais tellement heureux qu'ils existent !
— Soso, qu'est-ce qui se passe ? s'affola-t-elle.
Elle s'écarta de moi et essuya mes joues du mieux possible sans que je ne parvienne à lui répondre. Ses yeux rougis marquaient son anxiété et les miens, baignés de larmes, dévoilaient ma honte. J'attrapai sa main et la tirai derrière moi sans grand ménagement. Je sonnai vite à la porte, de peur de défaillir. Je me sentais si mal, si faible et dans une panique qui me terrassait. Ma main, autour de celle de ma sœur, tremblait tant que j'eus peur. Je ne savais pas ce que je ressentais. Étais-je triste ? En colère ? Heureux ? Un peu tout ça à la fois et c'était insupportable.
Lorsque mon père oméga ouvrit la porte, mon visage était de nouveau trempé. Je fondis dans son l'étreinte avant même qu'il ne tende les bras et je l'entendis à peine appeler mon autre père. Car au moment où je m'étais trouvé en sécurité, mon corps m'avait abandonné.
Je m'éveillai dans le salon, allongé sur le canapé et Maud à côté de moi. Elle me sourit, soucieuse, tandis que je me redressai.
— Comment tu te sens ?
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Bound [MxM - α/Ω] [Terminé]
RomanceLa vie d'Ariel est paisible. Ses parents le pressent à se dégoter l'alpha du siècle, mais tant qu'il regarde régulièrement les dossiers qui lui sont présentés, il est plutôt peinard. Employé dans un club oméga, le récessif n'a qu'un rêve ; devenir d...