9 - Les différents degrés de la colère

858 128 79
                                    

 — Espèce de petite catin, me dit-il dans un grognement animal.

Je déglutis avec difficulté et un frisson d'effroi me parcourut. La peur, cette peste, s'insinuait à nouveau en moi. Il me saisit par le poignet, déformant mon bracelet en fer qu'il broya contre mon articulation tout en me tirant derrière lui, dans la cuisine. Je serrai les dents, ne souhaitant pas l'énerver davantage tant que je n'en savais pas plus. Je pouvais encore désamorcer la situation. Il me jeta presque contre le plan de travail et j'aperçus Matthew, une main sur l'épaule de ma mère, en pleurs.

Sur l'îlot entre nous s'étalaient des photos de moi, au club. D'un geste vif, j'attrapai les clichés et les retournai, envoyant un regard haineux à l'alpha.

— Ce n'est pas la peine de les cacher, nous avons eu le temps de les étudier en détail, dit mon père, alors que ma mère me scrutait, les yeux remplis de larmes.

— Qu'est-ce que tu as fait ? me demanda-t-elle sur le même ton que si j'avais tué quelqu'un et mon cœur se brisa.

— Maman...

— On a tout fait pour te donner une bonne éducation, reprit mon paternel en me coupant la parole. Nous ne manquons pas de moyens et t'avons toujours offert le meilleur, autant que nous le puissions. Bien sûr, nous ne sommes pas parfaits, mais c'est comme ça que tu montres ta gratitude ? En vendant ton corps comme un oméga de bas étage ? Ce n'est pas parce que tu es un récessif que tu dois te comporter comme les pires d'entre eux !

Ses mots, tels des coups de poignard, parsemaient mon corps d'entailles profondes avec une régularité affolante. Je jetai un coup d'œil à Matthew qui semblait se délecter du spectacle, puis me relevai, ravalant ma fierté.

— Mon travail dans ce club, c'est ce que j'aime. Le monde de la nuit, de la séduction, c'est merveilleux ! Je sais que c'est difficile à comprendre pour vous. Mais ce n'est pas pour ça que je dois m'en priver ! Je ne fais rien de répréhensible, je suis serveur, je n'ai pas plus d'interaction avec les clients que dans un bar normal !

Mon père me gifla du revers de la main. Le coup claqua dans l'air bien avant de me faire mal et des larmes de honte me montèrent aux yeux.

— Petit insolent. Comment peux-tu être aussi loin de l'image que je me faisais de toi ? Tu me déçois énormément, Ariel. Tu es une honte pour toute cette famille. Ce sera quoi la prochaine fois ? Hein ? Une imprégnation avec un alpha quelconque ? Et nous serions affublés d'un gendre qui fréquente ce genre d'établissement ?

Il frissonna d'une colère mêlée de dégoût et je saisis l'opportunité que Matthew prenne une balle perdue, sans plus retenir les larmes amères qui roulaient sur mes joues.

— C'est le cas du spécimen qui est là, pourtant. C'est au club qu'il m'a rencontré !

— Nous le savons ! cria ma mère, ce qui me statufia sur place. Il nous a tout raconté ! Comment tu t'es jeté sur cet alpha que tu continues de fréquenter, comment tu l'as rejeté lorsque tu l'as contacté, juste pour sauter sur un autre alpha ! Depuis quand es-tu devenu aussi dépravé ? C'est ça que tu fais alors que nous pensons que tu prends des cours ?

— Les deux fois, c'était le même alpha ! me justifiai-je avant de me rendre compte de ma bêtise.

Je serrai les mâchoires, réprimant un gémissement de pure terreur. Tout tombait en morceaux !

— Monsieur Werner, prenez le temps d'emmener votre femme se reposer. Elle est encore sous le choc, proposa Matthew d'une voix douce, à l'opposé de la mienne.

Mon père acquiesça et lorsqu'il quitta la cuisine en soutenant ma mère, je voulus les suivre.

— Reste ici, engeance démoniaque.

Bound [MxM - α/Ω] [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant