Chapitre 56 : Un dur présent (3)

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Le rythme des pas du duo était rapide et soutenu, mais pourtant incroyablement silencieux en dépit du décor sylvestre dans lequel ils évoluaient. Seule l'odeur de la décomposition émanant des pantins de Salvatoris pouvait trahir leur position. Cependant, cette odeur avait plutôt pour effet de dissuader les monstres de s'approcher, préférant à la place des proies n'étant pas déjà morte depuis bien longtemps dont les forêts regorgeaient.

Grâce à cela, Alice et Salvatoris sortirent rapidement des bois dans lesquels ils s'étaient enfoncés, traversant tout aussi rapidement la petite plaine les séparant du village où avait toujours résidé Salvatoris. Le village où se trouvait sa mère blessée qu'il avait laissée sans même un mot.

Le décor environnant était pittoresque, quelques champs auraient pu être installés dans ces plaines, mais sa proximité avec les monstres avait rendu cela impossible, créant cette sorte de délimitation où tout humain ou monstre s'y aventurant pouvait être vu d'aussi loin qu'on pouvait l'imaginer.

La culpabilité semblait ronger Salvatoris alors qu'il s'approchait plus doucement de l'entrée de son village. Comment pouvait-il avoir oublié sa seule famille dans cette situation ? Sa mère avait été blessée alors que l'armée de l'empire du phénix rouge, la nation frontalière au royaume de Drack, avait ravagé leur village en emportant les jeunes femmes. Et lui, il était parti sans même penser à sa mère, obnubilée par Alice et les connaissances qu'elle contenait. C'est incompréhensible, impardonnable.

Comme si Alice semblait pouvoir lire dans ses pensées, elle lui adressa la parole alors qu'ils arrivaient au seuil de l'entrée du petit village médiéval. Les traces de sang bordant les maisons faites de pierre et de bois partis en fumée lors de la bataille semblaient avoir été nettoyées, mais les rues n'avaient pas récupéré leurs activités habituelles. Seuls les échos lointains du passé semblaient s'y refléter dans les yeux de Salvatoris. Celui d'un petit village empli de vie. Le drapeau du phénix rouge continuait de toner au sommet du village, accentuant d'autant plus la douleur de Salvatorirs.

"Ça va aller, vous êtes une famille non ? Je suis sûre que tout ira bien."

Elle ne savait rien de ce qu'avait fait Salvatoris, cependant, elle pouvait lire dans ses expressions comme dans un livre ouvert. Une expression emplie de regret, et de haine de soi. Salvatoris avait l'impression d'avoir déjà entendu cette phrase, comme si Alice lui avait déjà dit par le passé. Toutefois, ils se firent interrompre par un homme les apostrophant. Il portait un vieux gambaison surmonter d'une armure incomplète et dépareillée. Son torse était composé d'une armure en cuir bouillie, alors que ses guêtres étaient faites d'acier, là ou rien d'autre ne protégeait ses bras tenant fermement une lance, signe qu'il était un milicien défendant ce petit hameau isolé.

" Halte. Les étrangers ne sont plus autorisés à rester ici, nous n'avons pas assez de vivre pour vous. Et gardez vos morts-vivants éloignés d'ici. "

Sa voix était froide, ne comportant aucune gentillesse ou empathie, mais sa position comportait la droiture d'un militaire persuadé de faire ce qui était juste.

" Je suis Salvatoris, le fils d'Hildaya ! J'ai été absent quelque temps... "

" Salvatoris ? "

Le garde scruta alors la figure du jeune homme enroulé d'une tunique rapiécé par endroit, ses yeux s'écarquillant légèrement alors qu'il le regardait réellement pour la première fois depuis le début de la conversation.

" On te pensait mort ?! Le chef nous a dit que tu étais parti en direction du territoire des golems de fer et de la liche à peine après être revenu. Que c'est-il passé pour qu- "

The Fallen hero : un nouveau monde bâti sur des cendres.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant