Never

15. Confessions, partie 2

PDV d'Hitoshi

          J'haletai. J'avais les poumons en feu, les pieds râpés par le goudron, et l'impression que quelqu'un me plantait des couteaux un peu partout, mais je continuai à avancer. Puis j'arrivai à destination et, comme un mirage, je la vis.

          La pleine lune se reflétait sur une mer légèrement agitée, et des étoiles brillaient sur l'eau, formant un fond onirique sur lequel, perchée au sommet d'un monticule de détritus, une ombre blanche se détachait, ses cheveux noirs flottant au vent.

          Je m'avançai et me cognai contre une pile de morceaux de ferraille qui s'effondra en un boucan monstre, mais elle ne réagit pas. Je ne savais pas trop si elle m'ignorait ou était complètement détachée du reste du monde. Je devais bien avouer que j'étais un peu inquiet.

          Je rejoignis le monticule sur lequel elle était et commençai à l'escalader. C'était un vrai calvaire, tout mon corps me faisait mal, et mes pieds ensanglantés glissaient sans arrêt. Aussi quand, environ à mi-chemin, mes pieds dérapèrent et que je tombai, trop faible pour me retenir, je ne fus pas vraiment surprit. Plutôt frustré à vrai dire. Je devais vraiment lui parler, la comprendre, et surtout la remercier pour tout ce qu'elle avait fait pour moi. Et ça m'agaçai de mourrir comme ça, sans avoir pu faire quoi que ce soit de ma vie. Sans que l'on ait put devenir héros et changer ce monde de merde.

Moi : Kitaaaaaa !!!

          Alors que je tombai je sentis un courant d'air, puis quelque chose arrêta momentanément ma chute, avant de l'amortir en arrivant au sol. Quand je repris mes esprits et me relevai, Kita était allongée sur le dos et j'étais assis au dessus d'elle, les mains sur ses hanches.

          Je rougis et allais m'enlever quand elle s'agita et fit mine de s'enfuir. Instinctivement je la plaquai au sol en appuyant sur ses épaules, me retrouvant presque allongé sur elle. Nos yeux se croisèrent et nous rougîmes tout les deux, mais aucun de nous ne bougea plus.

Moi : Pourquoi t'être enfuie ?

          Elle resta silencieuse, mais ses yeux étaient assez expressifs pour me donner ma réponse. Tristesse et culpabilité, une once de peur aussi. Elle détourna le regard.

Moi : Tu comptais vraiment m'abandonner après ce qu'il c'est passé ? Me laisser en pâture aux gangs ? Laisser les héros me coffrer pour avoir levé la main sur des Verts ?

          Choquée, elle se tourna vivement vers moi, les yeux écarquillés.

Kita : Quoi ? Non ! Jamais ! Je comptais surveiller de loin, je les aurais arrêté s'ils avaient tenté quoi que ce soit !

Moi : Même les héros ?

           Elle hocha la tête, sans l'ombre d'un doute sur son visage. Une étrange sensation m'envahie, comme une bulle de chaleur dans la poitrine. C'était difficile à décrire, d'un côté je me sentais... bien ? Reconnaissant ? J'avais l'impression que pour une fois quelqu'un tenait à moi et ça faisait du bien. Mais de l'autre, j'étais impossiblement frustré.

Moi : Alors pourquoi partir ?! Pourquoi m'abandonner ?! Et ton père alors, ça ne te fait rien de le quitter ? Eraserhead, le seul vrai héros, et ses amis de UA, pourquoi m'as tu laissé avec eux si tu ne leur fais pas confiance ?

Kita : Ce n'est pas ça ! Je sais que papa t'aidera ! Lui et tonton Mic, et tatie Night te protègeront légalement, tu peux leur faire confiance !

Moi : Alors pourquoi est ce qu'ils ne te protègent pas toi ?

Kita : Parce que je ne leur ai rien dit... Dans mon ancienne école j'avais le même problème, c'était exactement le même enfer. J'ai essayé de les ignorer, de faire ce qu'ils demandaient, de les dénoncer aux profs et au directeur, et de me battre, mais ça n'a rien changé. Quand je me défendais c'est moi qui me faisais punir. Si je les dénonçais rien ne se passait, mais ils l'apprenaient et la situation empirait. J'ai finis par le dire à papa, et ça c'est calmé, au point qu'une fois j'ai cru m'être fait des amis, mais au final ils m'ont trahis. Ils m'ont invité à aller avec eux un soir, soit-disant pour réviser, mais ils ont mis le feu au bureau du prof qui devait nous faire une éval le lendemain, et m'ont tabassé, disant que là, même un père héros ne pourrait rien pour moi, et qu'ils s'assureraient de le faire tomber pour s'être mêlé de leur affaires.