1. Bienvenue en enfer !

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PDV de Kita

          Je hais l'école. Oui je sais, plein de gamins disent ça, mais moi j'ai une meilleure raison que les devoirs, le réveil ou les évaluations : les gens.

          Le professeur m'appelle. Je prends une grande inspiration, expire, puis réajuste mon cartable avant d'entrer dans la salle de classe. Je monte sur l'estrade et fais face aux élèves.

          Au début les regards sont curieux. Puis très vite tous trouvent mon brassard et son unique bande grise et les visages changent. Dédaigneux, hautains, sadiques. Je fais rapidement le tour et soupire. Les classes libres ( Blancs exclus, mais il n'y en a pas ici, c'est une espèce en voie de disparition de toute façons ) n'en ont rien à faire d'un bas niveau comme moi, ou alors se réjouissent d'avoir trouvé un nouveau punching-ball. Et les bas niveaux, principalement des deux ou trois bandes, sont soit désintéressés, soit excités à l'idée d'avoir trouvé quelqu'un de plus faible qu'eux. Ça leur donne l'impression d'être puissants apparemment.

Prof : Silence s'il vous plait ! Allez, présente toi.

Moi : Bonjour, je m'appelle Kita Aizawa, ravie de vous rencontrer.

          Nope, pas du tout. Si je pouvais j'irais n'importe où sauf ici. Enfin, ici ou un autre endroit avec des gens qui me regardent. Je déteste parler, encore plus en public, et tout ces élèves me regardent comme si j'étais leur prochain repas. Je ne peux pas montrer de faiblesse. Mais je ne peux pas non plus...

Prof : Va t'asseoir, ta place est au fond, près de la fenêtre.

          J'hoche la tête et vais m'asseoir. Puis les cours commencèrent. Une fois la pause midi venue je me préparai à tout. J'étais une nouvelle élève, débarquée en plein milieu d'année, et n'avais même pas présenté mon alter, on pouvait donc s'attendre à ce que les autres élèves viennent me parler, me poser des questions, ce genre de choses. MAIS j'étais une « une bande ». Faible. Inutile. Un poids pour la société. Donc le scénario sera sans doute un peu différent.

          Cas numéro 1 : il y a un putain de miracle et quelqu'un vient me voir avec des intentions pures. Probabilité ? 0,0000000000000001 % au mieux.

          Cas numéro 2 : quelqu'un viens me voir pour faire semblant de devenir mon ami, pour ensuite me trahir quand il devra couvrir une de ses conneries, me trahir et que ça fasse bien mal, ou juste m'exploiter. Ça m'est déjà arrivé, c'est à moitié pour ça que j'intègre cette école en plein milieu d'année.

          Cas numéro 3 : quelqu'un vient me parler mais c'est purement pour commencer un cycle de harcèlement physique et psychologique continu. Ça aussi ça m'est déjà arrivé, c'est l'autre moitié de raison pour laquelle je commence ici et maintenant.

          Cas numéro 4 : on m'ignore car à quoi bon gaspiller du temps et de l'énergie avec une quasi sans-alter ? Honnêtement ce serait le rêve.

?? : Eh ! Le déchet !

          Je grogne silencieusement, me cognant mentalement la tête contre le bureau. Cas numéro 3 donc. Et sans subtilité. Franchement les gars, je viens juste d'arriver, vous pourriez au moins attendre que je « face une bêtise » ou vous « manque de respect » ! Ça vous donnerait au moins un semblant d'excuse !

?? : Eh, tu m'ignores ?!

          Deux mains s'abattirent sur mon bureau. Oups. « Manque de respect » : check. Je relevai lentement les yeux le long des bras, jusqu'à tomber sur un brassard... vert. Et merde.

          Je levai les yeux vers le visage du gars. Il avait une peau pâle, presque nacrée, un visage fin, de longs cheveux blancs lumineux, légèrement ondulés, et des yeux dor...

Moi : Aaaaaahhhhh !!!!!

          Je bondis en arrière, les mains sur les yeux. Ça brûlait ! J'entendais les autres rire, mais quand je voulus regarder je ne vis que du noir.

          Je faillis paniquer, mais peu à peu ma vision revint, et je pus faire face à mes attaquants. Le Vert avait un alter de lumière, quand ses yeux avaient croisé les miens il avait fait exprès de faire briller les siens, plus fort qu'un projecteur. J'étais sûre que s'il le voulait il pourrait me rendre aveugle. Et vu comme sa peau et ses cheveux avaient commencé à luire il pouvait sans doute faire de même avec tout son corps.

          À côté de lui ses acolytes riaient aux éclats. Je fis un rapide scan : deux triple bandes vertes et un Bleu. Même si la société préfère les alters flashy elle respecte beaucoup les analystes et les bons médecins, donc je n'étais pas vraiment étonnée qu'un Bleu traine avec le top de la hiérarchie. N'importe quel leader sensé enrôlerait un soigneur, même s'il se croit invincible. Ne serait-ce que pour le statut.

          Je suis éjectée de mes pensées par un aiguillon fonçant vers moi. Je l'évite d'instinct, mais il érafle quand même ma joue. Normalement pas assez profond pour des points de sutures, mais si je n'avais pas réagit assez vite...

Dart-guy : Eh, c'est qu'elle est rapide !

          Je l'analyse rapidement. Il a trois queues pourvues d'aiguillons qui s'agitent dans son dos, et en comparant leur taille actuelle et la distance qui nous sépare, il est vite évident qu'il peut les allonger ou raccourcir à l'envie, quoique la limite reste inconnue. Et elles sont méchamment rapides.

          Le sous fifre numéro deux présente de son côté de jolis membres élastiques, comme je le découvre quand ses bras — qu'ils avait caché derrière son dos — rampent jusqu'à moi pour me tirer par les chevilles et me faire tomber.

          Je me cogne violemment la tête, puis suis soulevée par les chevilles et maintenue en l'air, la tête en bas, au grand plaisir des deux autres brutes qui commencent à me frapper. Puis, enfin, ils décident qu'ils en ont marre et partent manger, me laissant tomber sans cérémonie sur le sol.

Dart guy : Ah, pitoyable ! Elle ne cherche même pas à se défendre !

Elastic boy : Pff, comme si elle pouvait, c'est presque une sans alter, qu'est ce qu'elle pourrait faire ?

Lumi-mec : Hmm, au moins elle connait sa place, accordons le lui.

Le gang : Ah ah ah ah ah !!!

          Je sers les dents alors que leurs rires s'éloignent. Je crache un peu de sang, tandis que quelques gouttes s'échappent de ma coupure à la joue. C'est ma seule blessure visible heureusement.

          Je fixe le carrelage luisant, et il me renvoie une faible lumière rouge. Leurs commentaires tournent un rond dans ma tête, sans répit. « C'est presque une sans alter, qu'est ce qu'elle pourrait faire ? ». Si tu savais...

          Je soupire et me relève, inspectant ma tenue. Après l'avoir rapidement défroissée, toute traces de « l'accident » ont disparues. Pour ma joue je dirais que je me suis fais ça en courant en forêt. Mon père me croira sans doute, même lui c'est déjà prit des branches en s'entrainant... Ah, non c'est vrai. C'était tonton Mic.

          J'espère vaguement que la situation se calmera un peu avec le temps. Improbable, mais qui sait ? Tout les enfants sont excités devant un nouveau jouet puis finissent par se lasser. Sinon...

          Sinon je finirai sans doute par craquer de nouveau. Mais je ne le veux pas, je sais que j'ai attiré énormément d'ennuis à « papa » la dernière fois, je ne peux pas lui faire traverser ça de nouveau.

          Bon ben, plus qu'à serrer les dents, sourire et espérer.

NeverOù les histoires vivent. Découvrez maintenant