Sasha - Le contrat #34

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Je rentre chez moi, dans ce grand appartement que j'adore, mais qui me semble vide ce soir. Je passe mon week-end à travailler sans parvenir à me sortir Naëlle Velle de la tête. 

Comment cette femme a-t-elle pu m'hypnotiser en à peine deux jours ?

Le dimanche midi, je me rends comme à l'accoutumée chez mes grands-parents. C'est un rituel obligatoire duquel même Helena n'arrive pas à se soustraire. Mon grand-père s'assure toujours des résultats du cabinet pendant que ma grand-mère s'évertue à nous trouver des conjoints convenables. Sa fille n'étant pas très coopérative, elle s'acharne depuis quelques mois à me fiancer au premier alpha venu. 

Sans le vouloir, ses dons d'entremetteuse servent bien plus ma vie sexuelle que ma vie amoureuse. Les relations durables ne m'intéressent pas et aucun de ses prétendants n'a retenu mon attention.

En ce jour, les deux sexagénaires sont mécontents. Lui, parce que je l'ai fait trépasser prématurément et elle, parce que Camille lui semblait être le parti idéal. Helena ne paraît pas non plus dans son assiette et j'en ignore la raison. C'est le léger hématome sur ma joue qui m'évite le courroux familial. 

Comme à mon habitude, j'en profite pour me remplir gracieusement l'estomac et recharger mes batteries de câlins. L'odeur de mes semblables m'apaise invariablement.

Installée sur les genoux de ma tante, je paresse sous ses caresses dans mes cheveux en soupirant d'aise toutes les vingt secondes.

— Je ne m'en lasserai jamais...
— Moi non plus, rétorque-t-elle. Même si tu deviens un peu trop âgée pour tout ça.
— Connerie. J'en réclamerai jusqu'à la mort...
— Peut-être pas à moi, souffle-t-elle tristement.
— Tu rêves si tu crois te débarrasser de moi aussi facilement. Par contre, mets plus de cœur à l'ouvrage, tu faiblis là.

Ma réflexion lui arrache un petit rire. Je me redresse pour atteindre sa hauteur.

— Qu'est-ce qui se passe ?
— Rien d'important, ne t'inquiète pas.

En prononçant ces mots, elle frotte son nez dans mon cou, signe d'anxiété chez nous, les alphas. Je la laisse s'imprégner de mon effluve avant de reprendre doucement.

— Dis-moi...
— Tu ne comprendrais pas, conclut-elle. Tu veux un dessert ?

Quand Helena change de sujet de conversation, personne n'insiste. Elle n'est pas du genre à hésiter et encore moins à ne pas décider. D'ailleurs, rares sont les moments où elle se laisse aller comme à l'instant. 

Malgré mon inquiétude, je m'incline.

Omegalove - Johanne MillotOù les histoires vivent. Découvrez maintenant