Naëlle - La cliente #37

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— Et toi ? Ton week-end ? osé-je finalement, contrariée de la voir si éteinte.
— Tu sais que c'est confidentiel.
— Je ne te demande pas de détails. Je veux juste m'assurer que tu vas bien, insisté-je.
— Rien de fâcheux n'est arrivé. Je suis seulement fatiguée, d'accord ?

Quand la sonnette retentit, je me lève à la hâte pour accueillir le livreur. J'ai faim comme jamais sans mon traitement pour me torturer. J'ouvre la porte sans réfléchir avant d'être saisie d'effroi.

— Maître Saumane ? bredouillé-je.

Elle semble tout aussi choquée que moi. Consciente qu'elle peut sentir mon odeur d'oméga, je me niche instinctivement dans mon sweat. Intérieurement, je panique.

— Madame Velle... Je... bafouille-t-elle en me dévisageant, interloquée. Je...
— Helena ? Qu'est-ce que tu fais là ? s'interpose Élise. Comment as-tu eu mon adresse ?
— Le détective du cabinet, avoue-t-elle en détournant le regard.

Je suis perdue. Je les dévisage chacune leur tour pour essayer de comprendre, la poignée de porte encore en main.

— C'est contre le règlement. C'est chez moi ici, tu dépasses les limites, lâche-t-elle posément en baissant les yeux.
— Je suis désolée, je n'avais pas d'autre moyen de te joindre.— Pars, s'il te plaît.

— Écoute, Rose...

Rose ? C'est le pseudo d'Élise au travail. Je recolle maintenant les morceaux. Chanel. Je connais cette odeur par cœur. Ma patronne couche avec une escorte. Escorte qui est ma sœur. Je me ratatine sur moi-même pour me faire la plus petite possible. Certaines choses de la vie ne sont pas bonnes à savoir.

— Élise, la coupe-t-elle doucement.
— Élise... Vous deux ? Vous... hésite-t-elle en nous jetant un regard sombre et triste.
— Naëlle est ma sœur.

Une vague de soulagement relâche les traits de son visage. Au même moment, l'ascenseur s'ouvre sur un jeune homme portant un sac isotherme cubique. Si un jour j'avais pu penser que des pizzas me sortiraient d'une situation aussi délicate... 

J'en profite pour me manifester en invitant la brune à entrer et à libérer le passage. Elles ont apparemment besoin de parler et le faire sur le palier est une mauvaise idée.

Omegalove - Johanne MillotOù les histoires vivent. Découvrez maintenant