La Mélodie des Plumes - Tome 1

Chapitre 45 : L'étau se referme

ATTENTION TRIGGER WARNING (TW) : torture

Quand ils arrivèrent enfin à l'extrémité Sud du camp, une troupe d'ailés les attendaient déjà. Tous étaient armés de lances, bêches ou couteaux à l'exception d'un. Bien plus grand qu'Elune, ses cheveux noirs et bouclés voletaient dans la brise. Il était simplement vêtu d'une tenue à manches longues brune et vert sombre malgré la chaleur accablante. Dos tourné et les bras croisés, il s'ennuyait ferme. Le reste de la petite troupe ne le lâchait pas du regard et tous gardaient leurs mains posées sur leur garde. Lorsqu'il se retourna, les derniers espoirs les plus fous d'Elune s'envolèrent.

— Je vois que vous avez finalement tenu parole, lança Feynor d'un ton sec.

— Je tiens toujours parole, répliqua Ylkad d'un ton égal. Vous devriez le savoir depuis tout ce temps.

— Jusqu'à présent, j'étais le seul à réaliser ma part du marché. Des informations sur mon maître en échange de la promesse que vous nous débarrasseriez de cette enquiquineuse. Maintenant, donnez-la-moi.

Elune voulut reculer d'un pas, les deux Eyliens qui l'encadraient l'en empêchèrent. Ylkad tira sur la chaîne, Elune tomba à genoux à ses pieds.

— Je voudrais bien mais il s'avère que j'en ai encore besoin.

Feynor serra les poings et s'avança d'un pas. Les veines de son cou se gonflèrent. Une lueur bleu nuit l'entoura et commença à se répandre autour de lui. Personne ne sembla le remarquer.

— Vous aviez promis.

— Et je tiens ma promesse, assura Ylkad amusé. Elle ne viendra plus vous ennuyer. Vous pouvez devenir le successeur de ce bon à rien d'Orlyë si c'est là votre désir.

— Ne l'insultez pas.

— Je fais ce que je veux, jeune homme. Maintenant écoutez-moi. Vous avez deux possibilités. Soit vous retournez gentiment voir votre Maître, vous devenez son successeur dans la journée et vous faîtes tomber la pluie avant ce soir, soit vous restez avec nous et nous vous proposerons une autre manière de régler les choses.

— Je suis le seul à pouvoir devenir son successeur, vous le savez pertinemment.

— Evidemment. Et je sais aussi que cette information est fausse. Voyez-vous, notre amie commune nous a révélé que vous n'êtes pas capable de devenir le nouveau Maître du Temps.

Elune releva la tête déboussolée. Elle ne se souvenait pas lui avoir dit quoi que ce soit à ce sujet.

— D'après nos renseignements, nous savons que c'est plus précisément Loëry qui est le véritable successeur d'Orlyë.

Elune ferma les yeux. Des renseignements. Evidemment, elle en avait parlé sur l'île bleue en présence de Dusane. Celle-ci devait avoir tout communiqué à Ylkad.

— Loëry ? répéta Feynor avant d'éclater de rire. Vous n'êtes pas parvenu à trouver mieux ? Il n'y a pas de Loëry.

Son rire s'éteignit et son visage se ferma. L'aura qui l'entourait se renforça. Elune se crispa. Il comptait clairement se servir de son don. Pourquoi donc personne ne réagissait ?

— Je ne compte pas réitérer ma demande, reprit Feynor.

Sa voix, qu'il tentait de garder calme et posée, sonnait de manière sourde. Sa mâchoire tremblait. Les épaules crispées, il braquait toute son attention sur Ylkad. Celui-ci, comme désintéressé, fit craquer ses vertèbres puis passa sa main dans sa nuque.

— Ceci est votre dernier avertissement. Donnez-moi la fille, ordonna Feynor.

— C'est non. Nous avons rempli notre part du marché. Inutile d'insister.