Chapitre 48 : La marque d'Istler

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A peine Orlyë avait-il fini sa phrase qu'un portail apparut au milieu de la pièce. Admar en émergea. Il balaya la pièce du regard. Lorsqu'il aperçut Elune, il pencha la tête sur le côté, les yeux plissés. Le Maître du Temps se dirigea droit vers son homologue puis pointa Feynor du doigt.

— Lequel de tes élèves à fait ça ? s'énerva-t-il.

Admar pointa Elune.

— Est-ce que c'est elle ?

— Réponds d'abord à ma question, grogna Orlyë.

— La dernière fois que je suis venu elle avait un à deux ans de moins. Comment ça se fait qu'elle ait grandit ? Est-ce que c'est elle ? répéta Admar sur le même ton.

— Elle était blessée. J'ai fait ce que j'ai pu. Même si ça signifiait avancer son temps.

— Ah ! Donc tu peux vraiment-

— Admar !

L'intéressé ne cacha pas son irritation mais s'accroupit devant Feynor toujours amorphe. Il souleva l'une de ses paupières, puis la laissa retomber. Il ôta une bague en forme de croissant de lune passée à son doigt. Une lueur violette l'entoura et se répandit sur Feynor. Lorsqu'elle se dissipa, le Maître de l'Esprit se releva.

— C'est réglé. Il s'agissait d'un contrôle mental. Je l'ai retiré. Quant à la personne responsable, j'ai une petite idée. Une discussion avec le gouvernement sylivien s'impose.

Un nouveau portail apparut. Kyosa et Eltio en émergèrent, aussitôt suivit par un Maglien.

— Elune ! s'écria Kyosa en se jetant à son cou.

Restée immobile devant la porte barricadée, Elune peinait à accepter l'aveu d'Orlyë. Tous les moments passés avec Loëry lui revenaient, tous leurs fous rires, tous les instants où il s'évertuait à lui remonter le moral ou à lui expliquer le fonctionnement de son don. Depuis le début, le Maître du Temps s'était joué d'elle. Comment s'y était-il pris ? A vrai dire, Elune s'en moquait. Il lui avait mentit. Le jour fatidique de sa fuite de l'île lui revint. Ce jour-là, elle avait assommé Loëry. Feynor l'avait ensuite attaquée en l'accusant de s'en être prit à Orlyë. Quelle qu'ait été le sort ou la magie qui maintenait l'illusion, il ou elle avait dû se dissiper une fois Loëry évanoui.

— Elune ça va ? reprit Kyosa en passant une main devant son visage.

L'intéressée tourna la tête vers Kyosa sans vraiment la voir.

— Eltio ? Je crois qu'ils ont planté Elune ! reprit Kyosa d'une voie suraiguë.

Eltio s'avança et ouvrit sa besace. Une boule de plumes en jaillit et fonça droit sur Elune en pépiant.

— Kahen ! s'écria Elune sortant de son état second.

L'oiseau se mit à tournoyer autour d'elle dans un concert de pépiements joyeux. Le visage d'Elune s'éclaira.

— Kyosa ! Eltio !

Elle rendit enfin son étreinte à Kyosa.

— On t'a cru complètement perdue !

Le sourire d'Elune se dissipa. Son regard tomba sur Orlyë qui continuait de se disputer avec Admar. Elle pinça les lèvres. Le Maglien restant, sûrement celui qui avait ouvert le portail, s'ennuyait ferme. Les bras croisés, il attendait les consignes.

— Tu nous dois des explications, il me semble.

— Je n'en doit à personne, répliqua vertement Orlyë.

— Vraiment ? Alors comment expliques-tu ça ? fit Admar en désignant à nouveau Elune. Elle peut voir la couleur des dons ! N'essaie pas non plus de me faire croire que le don originel du Temps se cantonne à faire apparaître des nuages.

La Mélodie des Plumes - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant