La Mélodie des Plumes - Tome 1

Chapitre 6 : Le tribunal des Magliens

— Elle revient à elle.

— Bien. Vérifiez qu'aucun objet potentiellement dangereux ou inflammable ne se trouve à sa portée. Il y a déjà eu suffisamment de dégâts.

Elune ouvrit les yeux. Le monde dansa devant elle avant de se stabiliser. Une fois habituée à la luminosité ambiante, elle parvint à se repérer. Elle se trouvait allongée sur un des lits réservés aux blessés graves dans les hôpitaux. La salle ne présentait aucune décoration superficielle. Les murs vierges ne laissaient entrevoir aucune fenêtre. Elle grimaça. Un bâtiment sans ouverture ne signifiait qu'une chose : elle se trouvait sous terre. A sa connaissance, pas la moindre île eylienne ne permettait ce genre de construction. Un infirmier apparut dans son champ de vision. Immense, cheveux blond platine et un visage allongé, il ne pouvait être qu'un Zohaliat. Que faisait un Zohaliat dans un hôpital eylien ? Elune tenta de se redresser. Quelque chose lui bloqua les poignets.

— Doucement, fit-il.

Il posa une main sur son bras. Une légère lueur blanche émana de ses doigts.

— Ses constantes sont stables, pouls un peu élevé, annonça-t-il à son assistante bien plus petite que la moyenne.

Un Crimson des arbres, un petit oiseau dont les plumes de la queue rappelaient la couleur des feuilles au début de la saison des neiges, était posé sur l'épaule de celle-ci. Ses cheveux relevés en queue de cheval dévoilaient la teinte sombre de sa peau. Une Sylivienne de toute évidence.

— Maglien, marmonna Elune encore sonnée.

Sa tête lui faisait atrocement mal. Son ventre lui semblait comprimé comme si ses intestins s'étaient emmêlés en un nœud aussi douloureux qu'inextricable. Elle tenta à nouveau de bouger. Les entraves qu'elle avait senties précédemment étaient bien réelles. Son cœur s'emballa. Elle tira de toutes ses forces sur les lanières qui maintenaient ses poignets sans parvenir à se libérer.

— Lania ! s'écria l'infirmier.

La Sylivienne se précipita vers Elune Elle posa sa main sur son front. Sa paume s'illumina. Elune sentit une torpeur l'envahir. Elle se débattit.

— Libérez moi ! cria-t-elle complètement paniquée.

— Elle résiste ! grommela Lania.

L'autre infirmier bloqua les bras de la flutiste. Elune lutta. Elle n'avait pas la moindre idée de ce qu'il se passait, mais elle ne les laisserait pas la maintenir attachée. Lania recula d'un pas et braqua sa paume vers sa patiente. Une lueur rosée l'entoura.

— Estas !

Elune s'effondra endormie par le sort.

La fois suivante, elle se réveilla dans la même pièce. Aucune lumière n'éclairait l'endroit mis à part une lanterne abandonnée dans un coin. La bougie à l'intérieur finissait de se consumer. Encore plus vaseuse que la fois précédente, elle ne put retenir un gémissement de douleur. La porte s'ouvrit aussitôt sur Lania. La Sylivienne se rapprocha du lit, une autre lanterne à la main. La lumière éclairait à peine son visage. Elle ne devait pas avoir plus d'une quinzaine d'années, âge déjà très avancé pour une Sylivienne.

— Tu as besoin de quelque chose ? demanda-t-elle doucement.

Elune se plaqua contre le lit dans le maigre espoir de s'éloigner d'elle. Malgré la migraine qui lui martelait toujours le cerveau, elle se souvenait parfaitement de ce qu'il s'était passé la dernière fois.

— Tout doux, je ne veux pas te blesser.

Les paroles de réconfort ne rassurèrent pas la blessée, au contraire. Les entraves la serrèrent à nouveau lorsqu'elle tenta de bouger.