La Mélodie des Plumes - Tome 1

Chapitre 44 : La clé de la victoire

WARNING TRIGGER WARNING (TW) : Souffrance, mort

Notes de l'auteure : Habituellement, je ne mets jamais de trigger warnings comme ceux ci-dessus car je pars du principe que ce sont des choses auxquelles un lecteur s'attend implicitement en Fantasy. Cela étant dit, je place ces TW dans ce chapitre car les évènements décrits sont particulièrement durs par rapport au reste du roman. Sur ce, bonne lecture.

Une racine sortie de terre rentrait dans le dos d'Elune. Elle ouvrit les yeux. Sa vue vacilla. Allongée à même le sol, elle ne se trouvait plus sur l'Île bleue. Sous elle, tout n'était que terre battue et gravillons. A deux centiyoltas de son nez, une touffe d'herbe jaunie peinait à s'extirper du sol. L'air était suffocant. Sa gorge aussi sèche qu'une baguette de pain après trois jours à l'air libre réclamait son dû d'eau quotidien. Sans oser bouger, Elune jeta un œil autour d'elle. Elle se trouvait sous une tente en toile brune. Un coffre, une couche et deux sièges bricolés à base de troncs d'arbres formaient l'ameublement. Le corps endolori, elle s'assit comme elle put malgré ses mains attachées. La corde rugueuse laissait déjà des marques rouges autour de ses poignets. Un cliquetis métallique attira son attention. Une longue chaîne traînait sur le sol et se terminait par un épais collier en cuir attaché autour de son cou. Le reste serpentait dans la tente et s'achevait sous forme de poignée dans la main d'un homme : Ylkad.

— Bienvenue parmi nous.

Cet accueil qui aurait dû être amical sonna comme un glas aux oreilles d'Elune. Un frisson glacé courut le long de son dos. Elune tenta de reculer. La chaîne se tendit. Le collier l'étrangla à moitié. Le chef autoproclamé des Gardiens de l'Equilibre resserra sa prise autour de la poignée. Assit sur une souche, il apparaissait beaucoup moins grand mais n'en imposait pas moins. Un surcot en cuir noir couvrait ses épaules et était ceinturé à la taille par un long cordon en cuir marron d'où pendait le fourreau d'un poignard. Des manchons renforcés de pointes métalliques couvraient ses avant-bras. Ses jambes longilignes croisées étaient recouvertes d'un long pantalon en toile sombre surmontées de hautes bottes ajustées. Son familier, un énorme chien à poil longs, dormait enroulé autour de ses pieds. Un rictus au coin des lèvres, il se contentait d'observer sa prisonnière d'un air presque nonchalant. La tête bien droite, il se balançait légèrement de droite à gauche. Au fond de ses yeux noisette, une lueur brillait. Aucun doute n'était possible, la situation l'amusait.

— Je n'essaierais pas de m'enfuir si j'étais toi.

Il inclina sa tête en direction de la chaîne.

— Tu n'as pas envie de savoir ce que je peux faire avec cette merveille.

Elune déglutit mais ne se risqua pas à demander des précisions. La situation n'était déjà pas à son avantage.

— Tu ne te débats pas ? Dommage.

Un Eylien pénétra à cet instant dans la tente et s'inclina devant Ylkad. Son torse était couvert d'un plastron de cuir renforcé. Dans sa main, il tenait fermement ce qui s'apparentait à une lance à la pointe rouillée mais effilée.

— Gardien, l'infiltrée souhaite vous faire son rapport.

— Laisse-la rentrer.

Le garde ressortit. Dusane se glissa à sa place dans l'ouverture. De son bras libre, Ylkad désigna Elune toujours pétrifiée.

— Ton plan d'infiltration de l'Île bleue est un succès.

Il coula un regard en direction d'Elune.

— Orlyë ne pourra plus ignorer nos revendications.