Quelques fois la vie nous paraît terne, ennuyeuse ou banale, mais qu'en est-il quand l'imprévisible se mêle à la partie ? C'est comme la foudre qui s'abat sur vous sans crier gare.
C'est ce qu'Ornélia va découvrir, elle qui a une existence si ordina...
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« Certaines rencontres se produisent comme un arc-en-ciel après la pluie pendant que d'autres sont imprévisibles et c'est ce qui les rend plus belles encore. »
Juin 2024
La pulpe de mes doigts effleure subtilement le marbre de la pierre tombale d'un gris clair. Je la touche à peine, mais c'est si précis, comme si chaque imperfection ne pouvait échapper à ma vigilance. La chaleur étouffante déjà présente dans l'air alors que l'été n'a pas encore débuté et le vent à décorner un bœuf ne me feront bouger pour rien au monde. C'est étrange quand on y pense, mais l'endroit où je me sens le plus en connexion avec mon moi intérieur, c'est ici, dans ce petit cimetière normand. Il y a des lieux bien plus joyeux, mais à mes yeux, il y a quelque chose de beau parmi ce qui m'entoure. Je ne parle pas de la mort, car évidemment, ça c'est effrayant, cependant j'aime me promener ici pendant des heures, remettre des fleurs en place dans des vases, lire les plaques destinées à un proche ou encore sentir l'amour qui vibre toujours, même après la mort.
Toutes les personnes qui viennent se recueillir ici, sont d'une part, mélancoliques, mais aussi apaisées, car l'être qu'ils ont aimé, continue d'exister à travers leurs yeux. C'est bien ça que je trouve si touchant. Que même après que nous cessions d'être sur terre, nous n'arrêtons pas d'exister aux yeux et dans le cœur des personnes qui nous ont un jour aimer. Quelques tombes sont malheureusement dépourvues d'une quelconque présence de visiteurs quotidiens, alors je ramène souvent des bouquets de fleurs ou des plantes pour les déposer, histoire que ça soit moins triste.
Est-ce une stupide illusion de croire que nous continuons d'exister dans la tête et le cœur de nos proches, après notre mort ? Peut-être que tout ceci n'est que du vent, qu'une hypocrisie dont on laisse planer le doute pour se donner bonne conscience alors qu'après des mois, des années, nous ne devenons qu'un lointain souvenir réduit à l'état de poussière. Personne n'est irremplaçable, personne n'est inoubliable. Nous continuons juste de faire comme nous le pouvons pour tenir le coup.
Oui, j'en ai conscience. Je suis bizarre. Du moins, c'est ce qu'en disent ma sœur et mon meilleur ami Eliott. Ils pensent que je devrais m'ancrer plus dans le monde des vivants plutôt que de m'accrocher à celui des morts, mais c'est une chose de le vouloir, une autre, d'en être capable. Je me bats chaque jour que la vie m'offre en véritable honneur, malheureusement mes démons sont redoutables. Un handicap invisible et qui pourtant pourri mon existence au fil des jours. Je ne désire pas être comme tout le monde, être ordinaire alors qu'avoir la chance de vivre, c'est extraordinaire. Il suffit d'un rien parfois, pour que le bien se transforme en mal sans qu'on ne commette aucune erreur. Pourquoi devrait-on être d'une certaine façon et non d'une autre ? Pourquoi devrait-on toujours choisir alors que l'univers regorge de possibilités ?
Si on écoute les clichés de la femme parfaite avec lesquels on nous rabâche les oreilles, que ce soit sur internet, dans les magazines ou à la télévision. Une femme ne doit pas être trop grosse, ni trop mince. Elle doit être de taille moyenne, n'avoir aucun défaut physique, n'avoir aucune ambition et être la parfaite petite épouse dont chaque homme rêve pour ne pas froisser son ego dominant. C'est tellement aberrant. Je suis loin de faire partie des standards de la normalité et j'en suis honorée. Je suis petite, je porte du 40 pour être à l'aise avec mes bourrelets, témoin de ma gourmandise sans limite. Ma peau est loin d'être parfaite. Elle comporte des imperfections que j'affiche au lieu de les cacher, car ils sont ma fierté, un peu comme une œuvre d'art dont je serais l'artiste. De la peau d'orange sur les cuisses, quelques boutons que le commun des mortels camouflerait sous une tonne de maquillage, mais pas moi. Ce que la majorité considère comme des défauts, j'en ai fait ma force.