Chapitre 25 - Brisée

60 8 21
                                    

« Découvrir la vérité n'est pas toujours agréable, mais elle est nécessaire dans le processus de guérison

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

« Découvrir la vérité n'est pas toujours agréable, mais elle est nécessaire dans le processus de guérison. »

Une fois n'est pas coutume, le sommeil n'a pas voulu de moi cette nuit. Je n'en suis probablement pas digne. J'ai passé toutes ces heures à regarder et tenir dans mes bras, cette femme que je savais brisée, mais sans en connaître le degré d'intensité. Tout un tas d'images s'est infiltré dans mes neurones pour me faire payer ma réaction, quelques heures plus tard. Je l'ai imaginé apprendre cette terrible nouvelle, s'effondrer, subissant une chimiothérapie. Je me suis même mis à la voir perdre ses cheveux, rendre ses tripes comme hier, sous mes yeux. J'ai pu moi aussi ressentir le courage qui a dû lui manquer en perdant cette fille qui, sans l'avoir connu, je bénis d'avoir fait partie de sa vie à cette période. J'aurais tant aimé être présent moi aussi, la soutenir.

Sans doute est-ce trop facile de le dire après coup, mais c'est ce que je ressens réellement. Je pensais chaque putain de mot que je lui ai dit hier. Si Luana avait dû subir ce qu'Ornélia a subi, je ne l'aurais pas abandonnée, car quand j'aime, je ne fais pas les choses à moitié. Au nom de quoi, peut-on préférer partir plutôt que d'aider la personne que l'on aime, à se battre contre la maladie ? C'est quelque chose qui me dépasse et me rend nauséeux. Pourtant, je suis un lâche, mais seulement quand ça me concerne. Là, il n'est pas question que de moi. Jamais je ne pourrai me regarder dans un miroir si je la laissai. De toute façon, cette idée ne m'a jamais traversé l'esprit. Enfin si, avant de découvrir ce qui l'a rendu plus sauvage et même à ce moment-là, je n'étais pas capable de partir. Une autre chose dont je suis sûr, c'est que je ne laisserai plus personne lui faire du mal.

Ma famille devra me passer sur le corps pour l'atteindre. Certains détails m'échappent encore. Ce qui a changé Ornélia, c'est un cancer, mais quel est le rapport avec mon clan ? Elle était malade, elle ne peut pas être responsable ou même au courant de ce qui s'est passé à la même période, en Sicile. Tout ça me dépasse et ma tête va exploser, tellement ma migraine est intense. Je tente de me lever pour aller prendre un cachet, mais elle se met à bouger au creux de mes bras et se tourne doucement vers moi. Sa petite tête ensommeillée est affreusement mignonne, je retiens ce commentaire pour moi parce que je ne veux pas la froisser dès le réveil.

— Salut toi, lancé-je d'un ton plus léger.

— Salut. Je ne pensais pas que tu resterais...

— Je t'ai dit que je resterais et je tiens toujours mes promesses. Comment tu te sens ?

— En toute franchise ? Honteuse.

— Pourquoi ?

— Parce que je ne pensais pas être capable d'en parler à quelqu'un, un jour et que j'ai honte d'être comme je suis.

— Ornélia, je t'ai déjà dit que le fait d'avoir un sein au lieu de deux c'est...

— Non, pas ça, me coupe-t-elle en venant jouer nerveusement de ses doigts sur le col de mon t-shirt. Mes angoisses. C'est de ça dont j'ai le plus honte. Ne plus avoir qu'un sein, c'est difficile je ne dirai pas le contraire. Au début, je ne me sentais plus femme. Comme... une sorte d'expérience qui a échoué, mais c'est surtout quand mes angoisses sont apparues que ça a été difficile. Ma tête s'est mise à fourmiller de scénarios. Je me suis persuadée que j'allais à nouveau tomber malade et que cette fois-ci, j'en mourrais. Tu dois trouver ça idiot, mais je n'arrive pas à me chasser cette pensée de la tête.

Dénonce-moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant