« Le plus difficile n'est pas toujours d'avancer dans le présent, c'est de parvenir à le conjuguer avec les démons de notre passé. »
Le silence est si enveloppant que j'ai la sensation de percevoir un bourdonnant dans mes oreilles, les battements frénétiques de mon cœur. C'est anxiogène. L'obscurité m'enveloppe. Je ne vois pas à un centimètre à la ronde, mais sans me l'expliquer, je sens qu'il se passe quelque chose. Mon radar de choses négatives s'est mis en marche, il détecte un mauvais présage, sans m'en informer plus sur sa teneur. J'avance sans savoir où je vais jusqu'à ce que je heurte quelque chose. Une lumière surgit de nulle part, comme si un projecteur se trouvait d'un coup braqué sur moi. Mes cils papillonnent et un cri étouffé m'arrache les entrailles. La silhouette est là et, cette fois, elle se montre plus agressive. Ses mains se saisissent de ma gorge avec une rage effrayante. Mes supplications ne servent à rien, je me sens défaillir sans être capable d'échapper à mon destin.
Mon hurlement fend l'air dans la pièce alors que je me redresse avec précipitation dans mon lit, les battements de mon cœur déraisonnablement rapides, le souffle court et la peau couverte d'une fine pellicule de sueur. Instinctivement, mes mains se posent sur ma gorge pour vérifier qu'elle se porte bien avant de me souvenir que je ne suis pas seule dans mon lit. Heureusement mon cauchemar n'a pas réveillé Eliott qui dort à poings fermés. Il doit être habitué à mes terreurs nocturnes qui me gâchent la vie depuis des années, mais c'est encore pire depuis quelque temps. J'ai cette impression qu'on m'observe, qu'on me suit lorsque je sors dans la rue. Peut-être que c'est seulement dans ma tête, qu'à cause de l'intrusion chez mes parents et l'agression d'Eliott au salon de thé, je suis en train de devenir parano. Pourtant, ça ne me quitte pas. Tel un frisson qui colle à ma peau.
Veillant à ne pas réveiller mon ami, je m'extirpe de sous les draps pour descendre me servir un verre d'eau. La maison est si silencieuse, mais la présence du brun me rassure. Appuyée contre le plan de travail de ma cuisine, j'observe sans le voir, ce qui se trouve devant moi. Je replonge dans mes pensées en songeant à ce qui s'est passé hier soir lorsque Livio a débarqué ici sans que ce ne soit prévu. Avec un peu de recul, je suis toujours incapable de comprendre ce qui lui a pris. Pourquoi ne comprend-il pas qu'il ne se passera rien entre nous ? Est-ce que j'ai eu peur ? Pas vraiment. Je le connais peu, c'est vrai, mais il ne m'a pas inspiré une telle sensation hier soir. J'étais simplement prise au dépourvu et j'ai craint, juste un instant, de ne pas être capable de l'arrêter s'il avait décidé de prendre ce baiser qu'il avait l'air déterminé à me prendre.
La sensation de sa main sur ma joue est encore présente. Son souffle chaud, l'intensité qui brillait dans ses iris. Eliott a raison, Livio n'est pas un danger, par contre quelque chose en moi me dit de le percevoir comme tel. Après tout, je ne sais rien de lui et sa manière de se comporter avec moi me déstabilise. Un coup il se montre gentil, l'instant d'après il fait une chose comme ça, si imprévisible. Pourquoi ne peut-il juste pas être le garçon avec qui j'ai conversé au cimetière ? C'était agréable de pouvoir discuter avec quelqu'un, aussi librement et sans jugement, du moins, je ne l'ai pas perçu comme ça. Seulement je suis bien placé pour savoir qu'il ne faut pas s'attacher aux gens, car c'est dans la nature humaine de décevoir. Je parle notamment de l'égoïsme dont ma sœur fait preuve et qui me laisse sans voix. Qu'elle puisse faire une faute, c'est humain. Qu'elle puisse avoir peur des répercussions de son acte, je le conçois également, mais pourquoi devrais-je être celle qui en porte les conséquences ?
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Dénonce-moi
Mistério / SuspenseQuelques fois la vie nous paraît terne, ennuyeuse ou banale, mais qu'en est-il quand l'imprévisible se mêle à la partie ? C'est comme la foudre qui s'abat sur vous sans crier gare. C'est ce qu'Ornélia va découvrir, elle qui a une existence si ordina...