Chapitre 17 - Fuis-moi, je te suis

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« Il n'y a aucun déshonneur à exprimer ce qu'on ressent, le problème c'est que lorsqu'on ouvre les vannes, il est difficile de réussir de reprendre le contrôle

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« Il n'y a aucun déshonneur à exprimer ce qu'on ressent, le problème c'est que lorsqu'on ouvre les vannes, il est difficile de réussir de reprendre le contrôle. »

_ Retour en France, 14 juillet _


Des gens tristes, j'en ai déjà vu, mais alors, dans l'état de Livio, jamais encore.

Ça n'a pas été une mince affaire de le faire bouger de la cuisine du salon de thé, pourtant j'ai attendu un long moment qu'il se calme et retrouve ses esprits, le laissant s'agripper à moi et pleurer ce qui semblait lui peser si lourd sur les épaules. Visiblement, ça n'a pas suffit, car après plusieurs heures, il n'a pas cessé d'être parcouru de spasmes. Je ne sais pas ce qui l'a mis dans cet état, mais j'ai compris que je ne connaissais rien de lui, de sa vie. Qu'est-ce qui a bien pu se passer d'aussi terrible pour qu'il soit bouleversé de la sorte ? Il est rare qu'un homme soit démonstratif quand il s'agit de son chagrin et quelque chose me dit que c'est la même chose pour Livio, mais qu'il n'a pas réussi à lutter plus. Son barrage a cédé, emportant tout sur son passage. Je me suis sentie tellement idiote et impuissante. J'étais là sans vraiment l'être, je faisais seulement acte de présence à lui masser le cuir chevelu dans une tentative d'apaisement. Un échec total, il ne s'est pas calmé pour autant.

Eliott est enfin venu à mon secours, car soyons honnêtes, ce n'est pas avec mon petit gabarit que j'allais bouger une montagne de muscles comme lui, sans son consentement. Rentrer chez moi n'était plus une option, car les rues étaient remplies de monde. L'agitation de ce jour de fête résonne encore dans mes oreilles et mes pulsations cardiaques. Sortir alors qu'il y a tant de monde dehors, c'est impossible. Mon ami m'a donc aidée à grimper les quelques marches qui nous séparent du studio au-dessus du salon de thé. Celui-ci est encore loin d'être habitable. Il a besoin de subir quelques travaux, mais Eliott avait prévu de le faire après le bon fonctionnement de la boutique. Il m'a aidée à déposer la large carrure de l'Italien sur le matelas au sol, seul meuble présent pour le moment, et celui-ci a fini par s'endormir d'épuisement.

Quant à moi, je crois que j'ai fini par m'allonger également et m'endormir, car ce qui m'a tirée des bras de Morphée à l'instant, ce sont des pétards qui éclatent dans la rue juste en bas. Mon corps est pris de spasmes et je suis surprise de sentir une pression autour de ma taille sans comprendre d'où elle provient. Mes paupières s'ouvrent et je me crispe en découvrant la main de Livio reposant sur mon ventre. Comment est-ce possible que nous soyons si proches ? Dans mon souvenir, nous ne l'étions pas. Sans doute suis-je mal réveillée ou encore en plein rêve, c'est fort possible, vu le retard que j'ai accumulé niveau sommeil. Je devrais tenter un mouvement, mais j'en suis incapable. Quelque part, je me sens bien dans cette position avec sa force douce qui m'étreint et son souffle chaud dans ma nuque, qui me colle quelques frissons.

Pourquoi est-ce si agréable ? Le seul homme qui arrive à me mettre dans un état de plénitude comme celui-ci, c'est Eliott. Du plus loin que je m'en souvienne, aucun homme n'a jamais eu une telle proximité avec moi et j'en ai conclu que c'était parce que j'étais attirée par les femmes. Mais qu'en est-il de maintenant ? C'est le même sexe que le mien qui m'a toujours paru une évidence. C'était facile pour se comprendre, plus simple pour connaître l'autre. Mes relations se comptent sur les doigts d'une main, je ne suis pas une grande sentimentale ou alors, c'est parce que je n'ai pas encore rencontré la bonne personne et je sais que ça ne se produira plus maintenant. J'ai dû avoir deux histoires, mais la plus sérieuse et la plus longue, c'était avec Louise. Oui, seulement j'ai tout gâché, pour ne pas changer. Je lui en ai fait du mal à elle aussi et je m'en veux terriblement pour ça, mais on ne peut pas réécrire le passé, seulement essayer de s'en sortir dans le présent.

Dénonce-moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant