« Le cœur brisé est une métaphore pour décrire la fissure qui entrave le bon fonctionnement de cet organe quand il connaît un choc terrible. Il y a eu des études sérieuses dessus, mais personne ne dit comment en guérir. »
Un son strident, en continu et puis plus rien, même pas une image à moitié floue.
Plus rien n'a de sens. Tout mon monde se divise en deux. Le bien, le mal. Le réel, le faux. La douleur et le détachement. La seule chose que je perçois à peu près, ce sont les voix qui me paraissent lointaines et qui tentent de nous séparer. Sont-elles au moins réelles ou juste dans ma tête ? Mon cataclysme de défense prend une sacrée claque dans son système et la réinitialisation n'est pas prête de se faire. Je ne suis plus qu'une marionnette sans marionnettiste. La douleur n'existe plus, la peur non plus. Pourquoi avoir peur de toute façon ? Celle-ci n'a jamais empêché les choses de se produire. Ce n'est qu'un poison supplémentaire à qui on donne de l'importance en le laissant s'infiltrer dans nos veines. Mes cris de désespoir restent coincés à l'intérieur de ma gorge et se transforment en larmes sur mes joues ou en sang, sur mes doigts. La seule chose pour laquelle j'ai encore une part de rationalité, c'est que je ne veux pas le lâcher. On est presque obligé de me casser les os pour m'arracher à son contact. L'agitation autour de moi perdure comme à un enterrement, lorsque l'on voit des silhouettes qui défilent sans visage, car la peine est trop lourde et qu'on se calfeutre dans son chagrin. Cette fois encore, je suis sourde à ses appels.
Je ne sais même pas ce que je souhaite. Rester ainsi pour toujours ou bien ressentir à nouveau quelque chose ? On n'est pas si mal finalement, dans cet entre-deux. Il ne se passe rien de bien, mais rien de mal non plus pour la simple et bonne raison que le néant est le seul occupant. Est-ce ainsi qu'une personne dans le coma perçoit l'extérieur ? Une vaste étendue de tout et de rien, sans début ni fin. Je me demande combien de temps nous pouvons rester dans cet état. Le plus longtemps possible, je l'espère, car ici, même en pensant à mon amie, je n'ai pas mal. Agathe est toujours en vie. Elle rit, fait des révérences en tenant le bord de sa robe. Moi, je redeviens insouciante et aussi maladroite qu'avant. La vie est légère, l'atmosphère détendue. Tel un ange qui flotte d'un nuage à un autre. Et si c'était ça, la mort finalement ? On s'en fait tout un scénario, mais il est possible que ce soit quelque chose d'agréable où on se sent enfin libre d'être qui nous avons toujours voulu être. Qui ne rêve pas d'un univers sans contraintes, sans devoir correspondre à des normes ? La simplicité. L'évasion. L'extase.
— Orny ? Orny, tu m'entends ? Respire, doucement respire avec moi. Inspire, expire, inspire, expire, continue.
Avant de me rendre compte, un rictus étire le coin de ma bouche parce que je réalise que je suis en train d'effectuer ce que me dit cette voix pour laquelle aucun visage n'apparaît. Il faut dire qu'elle est assez mélodieuse, elle donne envie de lui faire confiance et de se lover contre sa chaleur. C'est apaisant, rassurant même, je dirais. Je continue mes exercices pendant un temps qui me paraît interminable, mais pas désagréable. Mes yeux finissent enfin par voir et se pose sur une belle blonde qui me ressemble comme deux gouttes d'eau. Elle est assise à côté de moi et tient mes mains entre les siennes. Ce qu'elle est jolie. Lui a-t-on déjà dit ? Je trouve qu'on ne dit pas assez ce genre de choses en le pensant sincèrement.
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Dénonce-moi
Mistério / SuspenseQuelques fois la vie nous paraît terne, ennuyeuse ou banale, mais qu'en est-il quand l'imprévisible se mêle à la partie ? C'est comme la foudre qui s'abat sur vous sans crier gare. C'est ce qu'Ornélia va découvrir, elle qui a une existence si ordina...