Quelques fois la vie nous paraît terne, ennuyeuse ou banale, mais qu'en est-il quand l'imprévisible se mêle à la partie ? C'est comme la foudre qui s'abat sur vous sans crier gare.
C'est ce qu'Ornélia va découvrir, elle qui a une existence si ordina...
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« Les moments les plus intenses sont ceux que nous vivons dans l'urgence. »
Une forte douleur sur le haut de mon bras m'oblige à m'extraire du sommeil dans lequel j'étais plongée. Déboussolée, il me faut un certain temps avant de réaliser qu'on me traîne quelque part sans la moindre délicatesse. Mes yeux n'ont pas le temps de se faire à la luminosité extérieure qui est encore agressive. Quelle heure est-il ? Si j'avais, pendant l'espace de quelques heures, oublié ma condition physique et l'endroit où je me trouvais, c'est un temps révolu. Je me prends en pleine gueule ma détention sans savoir si aujourd'hui c'est le dernier ou si un lendemain verra le jour.
Ettore est le responsable de mon réveil en cacophonie. Il me traîne je ne sais où, avec une telle sauvagerie, mais je ne proteste pas. Une fois de plus, je subis ce qu'il m'impose, car j'ai bien compris qu'il n'était pas comme son frère et que mon avis ne lui importait pas. Il s'arrête soudainement et je me heurte à son corps aussi solide que de la roche, ah ça c'est sûr qu'il doit en passer du temps à faire du sport pour être aussi musclé.
Il semble fixer quelque chose avec intérêt, mais pour ma part, il faut que je parvienne à maîtriser les points lumineux qui dansent devant mes rétines pour retrouver une vision normale. Des cris, des grognements et des bruits de coups, me parviennent à l'oreille. Je tourne la tête dans cette direction et mon cœur dégringole à mes pieds. C'est une scène à laquelle je n'aurais jamais cru être spectatrice. Livio a du sang qui s'écoule de son arcade sourcilière jusqu'à sa bouche. Ses poings ne semblent pas dans un meilleur état, les jointures sont carrément explosées et il n'y a plus que de l'hémoglobine pour les recouvrir. Il est sur un type que je ne connais pas et le roue de coups avec une rage non dissimulée.
Comme quoi, le fruit n'est pas tombé si loin de l'arbre malgré ce qu'il prétendait. Il est comme eux. Habité par un démon qui le pousse à devenir aussi féroce qu'un fauve.
Je peine à déglutir et mes jambes se mettent à trembler face à cette scène horrible. Il se déchaîne sur ce pauvre type qui n'a pas l'air de se laisser faire si j'en juge à l'état de ses poings. Les positions s'inversent, une fois, deux fois, ils ont chacun leur tour le dessus. La mère des garçons leur hurle de s'arrêter, mais ils n'en font rien. Elle demande aux autres hommes armés d'intervenir, mais ils jettent un œil en direction d'Ettore et n'effectuent pas le moindre mouvement. Pourquoi est-ce que personne n'intervient ? Ils vont finir par s'entretuer !
Cette éventualité me glace le sang. Je suis déçue des mensonges de Livio, mais de là à vouloir le voir mort, il y a tout un monde. Des larmes glissent sur mes joues alors que j'étouffe mes cris d'horreur dans mes mains. Ettore serre un peu plus mon bras et Livio cogne avec plus d'intensité. Je jurerai que la tête de l'autre va se décoller tellement il y met de la force. Qu'a-t-il fait pour mériter son courroux ? Pourquoi dois-je assister à ça ? L'homme que j'ai sous les yeux n'a rien de celui que j'ai connu et fréquenté à Boisset-les-roseaux. Celui-là est rempli de noirceur, le mal l'habite. Il me fait peur.