Chapitre 6 - Quand les remords s'en mêlent

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« On croit qu'il est plus facile de reconstruire ce qui a été détruit, mais c'est faux

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« On croit qu'il est plus facile de reconstruire ce qui a été détruit, mais c'est faux. Certaines choses ne peuvent se réparer.»

Le son dépassant la limite autorisé du supportable me vrille les tympans en même temps que quelques neurones. Tout ce brouhaha est censé m'empêcher de penser, mais le cerveau est un mystère à lui seul. Moins on veut penser à une chose, plus ça se produit. Comme une chose interdite. Comme si souffrir nous plaisait ou comme si c'était une punition pour nos mauvaises actions. La femme qui se trémousse désespérément devant moi dans l'espoir d'attirer mon attention, perd son temps. Je n'ai ni la tête ni le cœur à m'envoyer en l'air. Elle n'est pas déplaisante, loin de là. Une jolie brune toute en courbes délicates comme j'aime, mais ce soir ou peut-être ce matin, je passe mon tour. Quelle heure est-il ?


J'ai perdu la notion du temps. À quand remonte la dernière fois où j'ai dormi ? Quand est-ce que j'ai avalé de la nourriture ? Ma tête doit probablement être effrayante, bien que pas assez pour faire s'éloigner cette nana. Est-elle saine d'esprit ou est-ce que tout est dans ma tête ? Les lumières teintées des boîtes de nuit ne lui ont jamais appris que ça rendait les apparences trompeuses ? S'il n'y avait que ça encore, ça irait. La musique change, ça tambourine toujours dans ma tête et mes oreilles. Boum boum boum. Je n'entends plus les paroles. Je me contente de regarder ces corps qui se mouvent, créant une tension en se synchronisant sur le même tempo. D'habitude je fais partie de ces personnes, mais pas en cet instant. Non, là, je suis juste paumé et terrifié de ce que j'aurais été capable de faire.


Dès que j'arrête de m'ancrer dans le présent, les ténèbres s'enroulent autour de moi et m'entraînent dans toute cette noirceur. Les images se mélangent, jouant un scénario différent à chaque fois, mêlant réalité et fiction. Mes paupières se ferment et je sombre un peu plus profondément en me demandant sans arrêt :


Qu'est-ce que j'ai fait ?


Tout est allé si vite, ne me laissant pas le temps de le réaliser. J'étais seul dans l'obscurité, l'alarme s'est déclenché à m'en faire saigner les tympans avant que le calme ne revienne comme si rien ne s'était passé puis, elle est apparue. Mon pouls s'est emballé. Elle s'est approchée avec une vase et dans un instinct primaire de protection, autant pour elle que pour moi, j'ai essayé de lui faire céder son arme de fortune. Elle s'est défendue, j'ai paniqué et quand j'ai réalisé ce que je venais de faire, elle était déjà inconsciente sur le sol. À cause de moi. Parce que je l'avais projeté contre le mur sans la moindre douceur. Parfois ma force est une malédiction.


Cent fois, je me suis refait le scénario dans ma tête et pas une seule seconde, je n'ai voulu lui faire de mal. Ce n'est pas dans ma nature, je déteste la violence et encore moins en être à l'origine. Quelques fois, je crains qu'on ne puisse pas échapper à son propre destin. C'est quelque chose qui nous dépasse, c'est écrit à l'encre indélébile, traçant les pas que nous devons emprunter à notre tour. Je suis fatigué de toute cette souffrance, de toute cette immoralité et de la mort qui est trop souvent l'issue finale. Même me dire qu'il valait mieux qu'elle tombe sur moi plutôt que sur mon frère n'arrive pas à me soulager de ma culpabilité étouffante.

Dénonce-moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant