En enfer

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La porte était juste devant Mahé, elle continua d'avancer et entra dans la capsule. Dès qu'elle fut à l'intérieur celle-ci se verrouilla automatiquement la faisant sursauter. Elle tremblait comme une feuille, hypnotisée par l intérieur de la cabine. La sonnerie retentit de nouveau.

- Bras et jambes au niveau des attaches! Hurla la voix synthétique.

Elle obéit. Instantanément les menottes et les chaines se refermèrent autour de ses poignets et de ses chevilles dans un claquement sec. Elle sentit les larmes qu'elle ne pouvait retenir couler sur son visage. La voix résonna dans la capsule.

- 0111 sous le casque!

Elle se plaça à l'endroit indiqué et le casque lui recouvrit entièrement le visage. Il se resserra comme un étau. Elle manquait d'air, se débattit, s'étouffa. Elle essaya de le retirer, et tout à coup, elle ne fut plus que douleur. Son corps fut parcouru de décharges électriques qui la soulevèrent du sol. Une série de sons stridents résonna à l'intérieur du casque, augmentant sans cesse lui donnant l'impression que son cerveau allait éclater. Elle s'arc-bouta, hurla, pleura. Elle sentit un liquide chaud couler dans son cou et un goût métallique dans sa bouche. Ses oreilles et son nez devaient saigner. Sa vue se troubla. Elle se sentait partir, elle brulait de l'intérieur, elle se désincarnait. Elle n'était plus. Ne pouvait plus. Ne voulait plus. Elle renonça à lutter et s'effondra. Elle se laissa aller et sombra petit à petit dans l'inconscience. Un son lointain la fit revenir à elle. Un bruit qui ressemblait à une sonnerie. Elle l'entendait de mieux en mieux. Elle se concentra sur ce son pour sortir de sa paralysie. Encore cette maudite voix!

- 0111 debout. Premier appel.

Elle se força à ouvrir les yeux et se rendit compte qu'elle n'était plus dans la cabine, mais allongée par terre frigorifiée. Elle n'arrivait pas à bouger. Elle tenta de remuer ses mains et ses pieds. Elle était complètement engourdie.

- 0111 deuxième appel.

Mahé releva son buste en s'appuyant sur ses coudes, l'effort la fit vomir et elle se recroquevilla. Elle était nue sur le carrelage devant la capsule. Son corps refusait toujours de lui répondre. Elle essaya de s'asseoir et aperçut des grandes traces violacées sur ses bras et ses jambes. Elle était à bout de forces. Elle rampa et gémit comme un animal, le sang et la morve lui composant un masque horrifique. Elle se concentra sur une seule chose, réussir à se lever.

- 0111 debout! Dernière sommation avant nettoyage. 

Il fallait absolument qu'elle y arrive. Elle se déplaça juste sous les consoles, leva tant bien que mal ses bras pour poser ses mains sur un bureau. Elle poussa sur ses pieds en tirant comme une démente sur ses bras pour se hisser presque droite. Elle avait une allure grotesque avec ses jambes qui formaient presque un x, tant elles flageolaient. La douleur la paralysa. Elle hurla sa haine pour pouvoir continuer. Elle tint bon et parvint à se lever. Elle se dégoutait, réduite à l'état de loque, sentant le sang séché, l'urine et le vomi. Combien de temps était elle restée inconsciente, prostrée et anéantie? Elle se secoua. Il ne fallait pas penser à ça, juste rester concentrée sur son objectif. Elle se mit à respirer le plus lentement possible. Chaque inspiration la violentait. Elle regarda autour d'elle, la salle lui était familière, mais elle n'aurait pas vraiment pu dire où elle était , ni qui elle était. La voix synthétique s'adressa de nouveau à elle.

- 0111 dans la cabine de mise en combinaison sur la droite.

Elle se parla à elle même, se forçant à avancer pas après pas. La souffrance la déchirait mais elle n'était pas encore prête à renoncer. Elle se traina jusqu'à la cabine et réussit à y entrer. Les portes se fermèrent et deux bras métalliques l'immobilisèrent pendant qu'un puissant jet d'eau glacée à l'odeur de détergent l'aspergea. Elle grelottait. Un troisième bras se déplia. Impuissante, elle attendit de subir un nouvel assaut. Celui-ci lui enfila une combinaison qui la recouvrit comme une seconde peau. Au début la sensation fut terrible. La combinaison comprimait ses chairs endolories, se fondait sur elle. Mais petit à petit elle fit corps avec elle et  soulagea les douleurs de Mahé. La voix reprit.

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