Justine continue à puiser dans ses souvenirs.
Elle sut tout de suite qu'elle était bien tombée. Avant qu'aucun des deux hommes n'ait pu dire quoi que ce soit, une grande femme aux longs cheveux auburn et au regard franc se jeta sur elle et la serra de toutes ses force. Justine surprise, se tétanisa. La femme se reprit et la lâcha.
- Désolée de cet accueil si peu conventionnel je me suis laissée emporter par mes émotions. Je suis Ada la maman de ton futur mari. Et voici mon époux, Louis.
Il s'avança vers elle et la prit à son tour dans ses bras. Elle resta sans voix, si peu habituée aux démonstrations affectives de la part de son père.
- Bienvenue dans notre maison Justine. Tu es ici chez toi à présent. Le voyage n'a pas été trop dur? Désires tu un verre d'eau ou autre chose? Demanda t'il de sa voix douce.
Prise de cours et n'ayant pas eu l'autorisation de répondre Justine attendit bêtement qu'il la lui donne, tête baissée. Louis comprit son embarras et s'adressa à elle gentiment:
- Dans cette maison tu n'as pas besoin de mon consentement pour parler. Tu as la liberté de dire ce que tu veux et de t'adresser à qui tu veux.
La stupéfaction de la jeune fille se lut sur son visage. Ada lui prit la main pour continuer les présentations.
- Voici Vincent ton futur mari, je dis bien futur, car si sur le papier vous êtes déjà mariés, sous mon toit personne ne t'obligera à devenir sa femme tant que tu ne seras pas prête.
Vincent s'approcha d'elle et lui sourit maladroitement. Il n'osa pas esquisser un geste. Elle perçut dans ce sourire beaucoup de bienveillance. Il la fixa longuement sans parvenir à détacher ses yeux d'elle. Justine, naturellement lui rendit son sourire. Puis ils lui présentèrent Raphael son jeune frère qui l'accueillit très chaleureusement. Ada demanda à son fils de monter les sacs de Justine dans sa chambre pendant qu'elle lui faisait visiter la maison.
-Ici c'est la salle à manger. Tu peux regarder la télévision, te servir de l'ordinateur, écouter de la musique et choisir n'importe quel livre dans la bibliothèque.
Justine n'avait jamais vu une pièce aussi grande. Entre la grande table en bois ovale entourée de huit chaises à haut dossier, les trois canapés gris avec de gros coussins moelleux, la table basse couverte de magasines, le grand vaisselier aux portes en verre, les tapis aux motifs géométriques, les belles lampes aux pieds torsadés, les tableaux aux teintes pastels et couvrant tout un mur une majestueuse bibliothéque en métal et en bois, elle ne savait plus où poser les yeux. Justine s'approcha des livres les yeux écarquillés, elle passa sa main sur les couvertures reliées et respira l'odeur du papier. Ada la laissa faire. Quand la jeune femme eut fini de s'émerveiller devant les ouvrages, elle alla directement vers le bouquet de roses d'hiver sur la table et les huma. Elle en ferma les yeux de bonheur. Sa belle mère lui proposa de visiter le reste de la maison. Elles continuèrent par la grande cuisine moderne dans les tons de blanc cassé. Une grande baie vitrée donnait sur une terrasse à l'extérieur. Ada vit de l'émerveillement se peindre sur les traits de sa belle fille.
- Tu veux sortir?
- Sortir? Vraiment?
Ada glissa son bras sous celui de Justine et la conduisit sur la terrasse. Le temps se suspendit tout comme la respiration de la jeune mariée. Elle ne savait plus où donner de la tête. Elle caressa les plantes en pots , puis marcha sur les graviers en fermant les yeux pour écouter leur crissement. Elle s 'agenouilla pour toucher l'herbe humide, saisit une feuille entre ses doigts, en ressentit la texture. Elle eut l'impression de respirer pour la première fois. Elle sentait les odeurs, le vent dans ses cheveux, les timides rayons du soleil sur son visage. Elle bascula sa tête en arrière pour regarder la course des nuages dans le ciel et elle se mit à pleurer. L'émotion la submergea et elle pensa à sa mère qui ne verrait jamais l'extérieur et à sa soeur qui était peut-être morte. Ada essaya de la réconforter.
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L'Émancipation
AdventureEn 3024, les femmes sont divisées en deux groupes, les mères au foyer et les Sans Fonction. Leur seule obligation procréer ou servir. Sous prétexte de surpopulation, de pollution et de manque de ressources naturelles, les femmes ont peu à peu été él...