L'Émancipation

Prises au piège

Justine a le souffle coupé. Elle fait un effort surhumain pour ne pas s'effondrer. Julienne est pendue au plafond par un pied, attachée comme un vulgaire animal, prise au piège à une corde qui a été disposée comme un collet. Le mollet de son autre jambe a disparu, arraché par ce qui s'approche le plus d'une mâchoire métallique géante. Les chairs béantes et sanglantes, continuent à déverser le reste de son sang, goutte à goutte sur le sol  avec une régularité effrayante. Une flèche est fichée dans son épaule, une autre dans sa joue. Ses cheveux blonds se sont teints de rouge. Sonia hurle :

- Elle est vivante, elle a bougé.

Mahé va vers elle pour la détacher, mais la voix de Rose à peine perceptible, l'en empêche.

- Ne la touchez pas, ou vous serez punies.

Et elle relève la tête. Anaé perd connaissance. Le visage de Rose n'a plus rien d'humain. Une grande entaille part de la commissure de sa lèvre gauche jusqu'à son oreille. Son pull et ses cheveux sont maculés de sang et son orbite droit, les fixe, vide de tout globe oculaire. Elle ouvre sa main. Son œil s'y trouve encore. C'en est trop pour 1223 qui vomit à son tour.

- Ils m'ont dit de le garder. Chuchote t'elle sans bouger les lèvres sinon, ils vont m'arracher l'autre. Ils sont venus avec leur mini blocs chirurgicaux et m'ont fait une injection. J'ai mal. Aidez moi. 

Au même moment les plaintes de plus en plus étouffées de Julienne reprennent faiblement .

- Ce sont les soldats? Demande Romane d'une voix affolée? Où sont ils? ils t'ont fait ça parce que tu as voulu l'aider?

Elle hoche faiblement la tête.

- On ne peut rien faire pour elles. Sinon on va subir le même sort.

Anna assise par terre se balance d'un coté et de l'autre. Elle est prise d'un rire hystérique.

- On ne trouvera rien, on ne sortira jamais d'ici. Ils vont nous tuer toutes une par une et si ce n'est pas eux ce sera la faim ou l'eau. Ils nous ont bien eues ces salauds!

- On ne peut pas les laisser comme ça, je ne pourrai pas continuer en sachant que je n'ai rien tenté. Rétorque Camille en allant vers Julienne.

Elle n'a pas fait deux pas qu'une épaisse fumée se met à se déverser par les aérations du couloir.

- Courez! Hurle Lily.  Cherchez la sortie de secours! Il ne faut pas repasser par la grande porte c'est trop loin!

- Restons groupées! Crie à son tour Justine.

Mais Sonia et Romane prises de panique, sont en train de retraverser l'immense couloir en sens inverse.

- La sortie de secours doit être au milieu de toutes les chambres. Dit Anna en toussant.

Un hurlement résonne dans les enceintes. Elles réussissent juste à apercevoir à travers la fumée qui leur brûle la gorge et leur pique les yeux, le corps d'une des deux femmes qui s'écroule au sol entouré de silhouettes qui doivent être celles des soldats. Elles courent de plus belle, malgré la sensation de vertige qui les saisit chacune leur tour. Elles tentent de se protéger la bouche avec une main. On ne voit quasiment plus rien dans le couloir, juste les petits points rouges des fusils infra rouges des militaires qui dansent sur les murs.

- Par là! Hurle 1223, je l'ai trouvée.

Elle pousse la porte de toutes ses forces. Celles qui sont en face distinguent le carré de lumière et s'élancent dans cette direction. Elles sont maintenant dans l'escalier de secours. Elles peuvent enfin respirer. Elles aspirent de grandes goulées d'air tout en continuant à grimper.