Âmes Étoilées Tome I [TERMINÉ]

23-Le Cirque

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Labour - Paris Paloma

La chevalière n'était pas sortie les mains vides, elle avait emprunté à Zorcha quelques dagues, car son épée aurait été bien trop grande et pas maniable dans la maison étroite.

L'affreux n'était pas posté au coin de l'escalier comme la dernière fois, alors Lorelye s'aventura plus loin. Elle descendit les escaliers obscurs jusqu'à se retrouver dans une sorte de salon insalubre dont l'odeur était épouvantable. La princesse continua d'avancer en direction de la sortie, quand des bruits de pas se firent entendre à l'arrière de la maison.

Lorelye s'approcha de la porte de derrière et colla son oreille au battant de porte.

– On va faire quoi d'elle ? Demanda une voix que reconnut Lorelye comme étant celle de l'Affreux.

– La tuer, répondit une femme que la chevalière identifia comme « la patronne ».

– Pourquoi l'employeur a-t-il changé d'avis ?

– Ce n'est pas l'employeur qui a changé d'avis, c'est nous qui avons juste changé d'employeur. Et lui, il nous paie mieux pour tuer cette catin de princesse ! Cracha la femme par terre.

– Princesse ?

– Ouais, Phil, t'imagines que tu as eu le droit de voir le tendre visage de la princesse Freyja Naos ! Persifla la patronne, celle dont le visage est le mystère pour tous les habitants de l'Evalera, acheva-t-elle sarcastiquement.

Le dénommé Phil siffla ironiquement et le sang de Lorelye se glaça dans ses veines. Quelqu'un avait mis sa tête à prix et il payait plus cher que celui qui avait juste voulu la garder enfermée. « Les plans ont changé », c'est ce qu'avait dit Zorcha quelques heures plus tôt.

– Qui va s'occuper d'elle ? Demanda l'Affreux.

– J'ai croisé Zorcha ce matin, je lui ai confié la mission, tu sais, c'est ma meilleure élève.

– Tu l'avais trouvé où ? Déjà celle-ci ?

– Dans un cirque, ria la femme, quand tu auras vérifié son travail, je te la laisse, il faut la rendre plus docile.

L'homme ria aux éclats.

Lorelye respira calmement. La colère commençait à lui faire perdre son souffle et la tête. Zorcha avait été dans un cirque ? Les cirques étaient la manière dont on appelait la vente aux enchères d'enfants et de jeunes femmes, un mot aux connotations humoristiques pour dire qu'elle avait été esclave.

La princesse savait que ce genre de pratiques existait encore dans le royaume Sirius et cette pensée lui donnait envie de vomir, mais ce qui lui donnait encore plus envie, c'était le rire de cette femme. « La Patronne », son rôle était d'acheter des esclaves et d'en faire des mercenaires. Et elle osait en rire.

– Phil va voir si elle a fini. Je vais voir les deux de devant pour leur annoncer la nouvelle.

Lorelye n'y tenant plus se renfonça dans l'obscurité de la maison, elle se cacha dans la pièce juste devant les escaliers, qui menaient à l'étage. L'odeur était encore plus horrible que dans le salon et la chevalière, en se cachant dans la cuisine, se rendit compte qu'elle pataugeait dans du liquide foncé. Quand elle toucha le mélange collant et qu'elle le porta à son nez, tous ses sens se mirent en éveil : du sang.

Les pas de Phil se rapprochèrent et tout devint plus clair : Zorcha avait appris qui elle était, et elle avait fait le choix de la sauver en éliminant tous les autres gardes de la maison, sauf Phil et « La Patronne », qui étaient de sortie. Les plans ont changé ? Tu m'étonnes, Zorcha, pensa Lorelye en dégainant.