Âmes Étoilées Tome I [TERMINÉ]

8-Les Kafirs

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Jungle - Emma Louise

Elle ne fermerait pas les yeux de la nuit, Lorelye en était sûre. La mise en garde de son fiancé pesait encore trop dans sa mémoire. Elle avait renvoyé précédemment les servantes pour ne pas qu'elles s'attardent dans son appartement trop tard.

Au milieu du repas, elle avait glissé quelques mots à l'oreille de mademoiselle Lilianna, elle lui avait ordonné de rester dans sa chambre ce soir-là et de retenir son père par tous les moyens pour l'éviter de se rendre autre part.

Lilianna eut la décence de ne poser aucune question, et heureusement, parce que Kairik lui jetait de temps à autre des regards soupçonneux.

Le benjamin de Kairik leur fit l'honneur de sa présence ce soir-là, ce qui était à l'accoutumée très rare. La princesse ne l'avait vu qu'une seule fois et c'était des semaines auparavant. Il avait l'air de ne pas trop s'intéresser à son titre et au trône. Aucune concurrence entre héritiers n'aurait lieu pour le trône de Sirius.

Lorelye ne s'étonna guère que toutes les jeunes filles du royaume tombent en pâmoison devant le second prince. Elle ne pouvait s'empêcher de l'observer à la dérobée et il en faisait de même.

Il la rendait curieuse, tous ses gestes étaient contrôlés au millimètre près. La manière qu'il avait de se tapoter le coin de la bouche avec un carré de serviette, les regards dont il couvrait les dames de la cour et jusqu'à la manière avec laquelle il s'adressait à son père : avec grâce et éloquence.

Le second prince n'avait pas l'air bien plus âgé qu'elle, lui aussi était un adolescent, mais beaucoup plus intégré à la vie et aux complots de cour.

Quand vint le moment de se retirer de la tablée, Lorelye avait la boule au ventre, elle sentait le regard de Kairik lui brûler le visage, c'était la dernière mise en garde à laquelle elle aurait droit.

Il ne lui avait fallu que quelques minutes dans la douce chaleur de la nuit pour s'endormir, quand un grand fracas avait retenti dans la chambre d'à côté, la tirant de son sommeil léger.

Lorelye bondit sur ses pieds en quelques secondes, son cœur s'emportant à la pensée de son amie et du père de celle-ci.

Elle se glissa aussi discrètement que possible en dehors de ses draps et posa le pied sur les margelles de marbres froides. Lorelye alla chercher son voile et dissimula son visage avant d'empoigner la seule chose qui pouvait lui servir d'arme pour se défendre dans la pièce : un chandelier en or massif.

La princesse colla son oreille à la porte de liaison qui permettait de lier sa chambre à celle des Rivaldo.

Elle n'entendit rien au début et après quelques interminables secondes, un bruissement d'étoffes surgit dans le silence, suivi d'un cri étouffé.

La porte à laquelle elle était collée s'ouvrit à la volée, pratiquement en la projetant contre le mur. Deux ombres dans la nuit foncèrent armes brandies vers son lit et quand ils sautèrent dans les draps qu'elle venait de quitter, Lorelye s'engouffra comme une tempête dans la chambre de Lilianna.

La princesse referma les portes à battants des chambres et les bloqua avec le chandelier qu'elle avait mis à l'envers. Les branches du candélabre bloquaient les poignées de la porte, les deux ombres étaient à présent enfermées dans sa chambre.

Elle se tourna prestement vers le lit de son amie qui était sans dessus dessous, les draps étaient complètement déchirés.

La panique prit le corps de Lorelye qui s'empêcha de trembler. De l'autre côté du lit, elle vit un mouvement au milieu de l'obscurité de la chambre.